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David Bowie, Ziggy Stardust and the spiders from Mars
Jean Pierre Carrier

Encore un anniversaire prétexte à une réédition. Cette fois-ci le concert mythique de David Bowie, le 3 juillet 1973 au Hammersmith Odeon de Londres, 30 ans déjà, où le chanteur renonçait au personnage de Ziggy. Bowie ne renonçait ni à la scène ni à la chanson. Il réorientait simplement sa carrière en abandonnant le personnage qu’il avait créé et qui l’avait propulsé sur le devant de la scène rock internationale. Une route ouverte pour de nouveaux succès.
Ziggy, c’est un personnage aux multiples facettes, avec des maquillages outranciers, tantôt féminin, tantôt asexué, parfois plus proche de l’extraterrestre que du chanteur anglais, avec des costumes que seul un imaginaire à la fois fantastique et surréaliste pouvait créer. Bref, le support idéal pour un concert rock devenu une véritable célébration collective, une cérémonie donc tout à fait unique, que l’enregistrement audio ne peut faire revivre que de façon bien imparfaite, mais que le DVD va restituer avec éclat, non seulement parce que pour cette édition l’enregistrement initial a été remixé et remasterisé, pour assurer une qualité d’image et de son parfaite, mais surtout parce qu’il s’agit d’un véritable film d’auteur, de D. A. Pannebaker, qui réalise ici une œuvre pratiquement inégalée depuis et qui peut servir de référence à tout filmage de spectacle « live ».
Le film de Pannebaker nous conduit successivement sur scène bien sûr, mais aussi dans les coulisses et la loge de Bowie et d’une façon plus originale, dans la salle, parmi le public.
Sur scène, ce sont les gros plans de Bowie qui dominent. Gros plans sur son visage, sur ses jambes et ses muscles, sur son corps et ses poses. La caméra filme au plus près, se déplace rapidement, cadre souvent de façon insolite. On assiste ainsi à la création d’un véritable style du spectacle en direct, sans effet superflu au montage. Par exemple les flous de mise au point dans les très gros plans n’ont pas été supprimés. Bien sûr, ce n’est pas du direct et le réalisateur n’a pas pour projet de nous faire croire qu’il s’agit de direct. Simplement il trouve le moyen de filmer avec le plus de spontanéité possible et de donner à ses images le caractère de parfaite improvisation que peuvent avoir des images entièrement réfléchies et maîtrisées. Il serait banal de dire que la caméra se fait oublier, comme dans la loge de Bowie où elle saisit les gestes de la préparation du personnage et des changements de costumes, le coup de pinceau de la maquilleuse, la mise en place de la boucle d’oreille, la remontée de la fermeture éclair. Dans la loge, c’est une fois de plus le corps de Bowie qui est l’objet visuel premier, mais le plus souvent nu, sans le costume qui le transforme en Ziggy. Et quand il se glisse littéralement dans cette seconde peau artificielle c’est le changement d’identité qui s’opère sous nos yeux. Ces séquences sont relativement brèves, comparées à celles concernant les chansons sur scène, mais tout le film tire sa force de leur présence.
Dans la salle, on retrouve la prédominance des gros plans, en contrechamp de ceux sur le chanteur. Des visages de jeunes filles, fans non pas hystériques comme celles que l’on a tous vu poursuivre les Beatles par exemple, mais qui participent pleinement (certains diraient qui communient) à ce qui se déroule sur scène. Des visages qui pleurent en chantant, mais qui ne crient pas. D’ailleurs on n’entend pratiquement pas les manifestations du public pourtant bien présent à l’écran. Parfois, au début d’une chanson « douce », des applaudissements d’approbation. Mais entre deux morceaux, la bande son est travaillée de telle sorte qu’elle nous donne par un quasi-silence, un moment de respiration..
Le concert se termine par un « farewell speech », très court adieu de Bowie à Ziggy, puis Rock’n’roll suicide. On comprend que dans la salle l’émotion atteint son paroxysme. Devant son écran on comprend la magie de cette musique.
L’édition DVD permet de suivre les images du film en remplaçant la bande son originale (les chansons) par des commentaires de Pennebaker et de Tony Visconti, le producteur des chansons de Bowie. Elle contient également une section DVD-rom, utilisable sur ordinateur pour installer des économiseurs d’écrans, des papiers peints de Windows, un calendrier et une horloge à l’effigie du héros, et bien sûr des liens Internet, en particulier avec le site officiel du chanteur.

Jean Pierre Carrier

Mise en ligne le 20 mai 2006
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