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Le jour où Steve Jobs prononça l’oraison funèbre des DRM

Sources : VECAM

Bonjour,

En ce 6 février 2007, Steve Jobs a publié sur le site de Apple ce qui pourra être considéré comme l’oraison funèbre des DRM.

Dans le long texte que je mets ci-dessous, le patron de Apple (mais aussi bientôt le principal actionnaire privé de Disney, ce qui nous promet des suites plutôt réjouissantes) jette l’éponge.

Un sacré numéro que de plier sans rompre et de repasser la patate chaude aux autres acteurs du système de la musique numérique.

Un acte de contrition dont l’explication est donnée dans le dernier paragraphe : le problème vient d’Europe, avec ces pays qui insistent sur "l’interopérabilité des DRM" (référence aux procès de Suède et à la loi française).

Avec ce coup de pied de l’âne : "si l’Europe ne veut pas d’un marché avec DRM, que le vieux continent convaincque d’abord les majors de la musique qui sont principalement des transationales d’origine européenne".

Reprise du raisonnement, qui semblera limpide et si familier aux défenseurs de la liberté de circulation réticulaire des biens numériques.

Acte 1 : les systèmes verticaux actuels (Apple avec son iPod-iTunes, Microsoft avec son Zune, et Sonny-Connect) ont offert aux amateurs de musique le meilleur, une évolution technologique permanente et un nouvel univers de consommation de la musique. Mais les usagers en veulent plus : pouvoir acheter n’importe où et écouter sur n’importe quoi. Et même s’échanger de la musique, faire connaître et faire partager.

Acte 2 : Ceci est la faute de l’industrie de la musique, qui a imposé aux constructeurs (et informaticiens) la "protection anti-copie". Avec mention des règles sybillines imposées, comme de mettre à jour en moins d’une semaine les DRM si ceux-ci arrivaient à être craqués.

Acte 3 : Rien ne peut empêcher le flux numérique de circuler. Chaque DRM est craqué avant même d’avoir eu le temps de s’installer sur tous les ordinateurs honnêtes... et il en sera toujours ainsi.

Acte 4 : il ne reste plus qu’à enterrer les DRM, qui de toute façon n’ont pas marché (la musique achetée directement en ligne ne remplirait qu’environ 3% des iPods en circulation...).

Mais le plus beau est à venir : le conseil de Steve :

Si l’industrie de la musique (elle, vous avez compris, pas l’industrie du contrôle, qui vient de jeter l’éponge en restant droit dans ses bottes) abandonne ce projet impossible, alors naîtra une autre ère économique : de nouveaux distributeurs, spécialisés, touchant des catégories particulières, offrant de nouveaux modes de promotion et de valorisation vont exploser de partout. Il vendront la musique des petits producteurs comme des gros. Ces nouveaux entrepreneurs vont relancer la demande musicale. "the music industry might experience an influx of new companies willing to invest in innovative new stores and players. This can only be seen as a positive by the music companies."

CQFD

Ah, Steve Jobs aurait-il lu tous les textes qui ont circulé en France au moment de la loi DADVSI, aurait-il épluché le flux RSS de EUCD.INFO que nous aurions gagné un an de ce nouveau boom du music business.

Tiens, j’aurais une suggestion : si Steve Jobs relisait maintenant les textes publiés autour de la notion de "licence légale". On gagnerait certainement encore une année de plus.

Et RDDV n’aurait plus que ses yeux pour pleurer : toutes les industries, les lobbies, les groupes de pression qui lui ont fait voter en urgence une loi inapplicable l’auraient laissé sur le bord de la route comme une vielle chaussette.
Et seraient déjà en train d’imaginer un nouvel "modèle d’affaire" autour de la diffusion de morceaux sans DRM.

Mais je suis mauvaise langue : le Sinistre de l’inculture ne serait pas seul. Il aurait avec lui tous les avocats qui menaçaient si fort, les juristes orgueilleux, et même Eddy Mitchell qui se sentait tant et tant humilié que les jeunes puissent écouter sa musique "gratuitement". Hervé Rony, le fourrier de l’industrie du disque, ferait du stop pour toute l’équipe.

Macache. Ils tous vont lire Steve Jobs dans le texte.
Et apprendre à dire "c’est pas moi, c’est l’autre" et revenir au galop nous vendre leur prochaine salade. Tiens, RDDV expliquant qu’il est en réalité l’inventeur de la licence légale... Quelle marrade.

Hervé Le Crosnier

Sources : VECAM

Article de Steve sur le site de Apple : http://www.apple.com/hotnews/thoughtsonmusic/


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Mise en ligne le 8 février 2007
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