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Actualités et Prises de position
Réflexions à propos de la télévision connectée
Christian Gautellier, les a portées au nom des associations éducatives, dans le Groupe de réflexion « Protection des publics sensibles et profilage », Elles sont organisées en réponse à un questionnaire élaboré par le groupe de travail. I. Constats1. Quels sont pour vous, en termes d’usages notamment, les avantages que présente la télévision connectée pour les téléspectateurs, jeunes ou adultes, et pour la famille ? La télévision connectée, par la démultiplication des canaux et supports, et le rajout aux fonctions traditionnelles du spectacle et de l’information, des dimensions de service, le développement de nouveaux genres, de formats hybrides entre fiction, jeu et information, enrichit l’offre et facilite l’accessibilité à l’Internet. Mais l’accessibilité technique n’est pas nécessairement synonyme d’accessibilité culturelle ou citoyenne. Et cette multiplicité de contextes d’usage, dans des rapports à des temps toujours plus raccourcis et à des lieux toujours plus mobiles, ne renforce pas forcément la maîtrise du sens, ni de la réception chez les publics jeunes ou dans les familles. 2. Quels sont selon vous, pour les publics sensibles, les risques liés à certains usages de la télévision connectée et qui doivent attirer l’attention du groupe de réflexion ? Les jeunes, notamment, ont migré sur les réseaux sociaux et les plates formes interactives audiovisuelles, où ils se retrouvent entre « amis » ou « pairs ». Or, leurs pratiques sur ces supports numériques pour enrichissantes et ludiques qu’elles puissent être, n’en créent pas moins des confusions problématiques en termes de liberté d’expression, de vie privée, de propriété intellectuelle… La dimension consumériste et les enjeux industriels et marchands sont dominants dans cet espace des médias numériques. Tout ne pouvant être réduit à une marchandise, dans les sphères de la vie publique ou privée, un défi ne cesse de grandir, celui de protéger les acquisitions positives de la modernité en termes de démocratie (les droits de l’homme, la construction d’une sphère publique distincte de la sphère privée …). Il importe donc de réguler dans l’Union européenne la possibilité pour les plateformes commerciales d’utiliser les internautes comme plateforme publicitaire, de limiter la diffusion des publicités interactives et intrusives, profilées sur les utilisateurs… La réflexion sur la place du service public sur l’internet est essentielle sur ce point. Le CIEME réclame depuis plusieurs années le développement de plateformes numériques dédiées aux jeunes et soustraites aux injonctions commerciales, permettant une expression régulée et respectueuse des droits. 3. Souhaitez-vous formuler d’autres constats ? Le ciblage de plus en plus tôt des enfants par les industries de contenus numériques nous semble poser un problème important. Au regard des rythmes et des stades de développement de l’enfant, tant sur le plan cognitif, psychomoteur que social, il ne nous semble pas souhaitable que les jeunes enfants soient exposés à ces plateformes. Suivant le même type de réflexion que celui qui a conduit le ministère de la santé et le CSA à déconseiller la télévision aux moins de 3 ans, nous souhaitons que ne soient pas développées de plateformes visant les bébés de moins de trois ans. Quant aux enfants fréquentant l’école élémentaire, les plateformes qui s’adressent à eux devraient veiller à modérer les sollicitations auxquelles ils sont exposés afin de maintenir leurs capacités de concentration et de réflexion, et le développement serein de leurs capacités cognitives. La facilité d’accès aux interfaces n’implique pas la capacité à maitriser les contenus qui y sont édités. De plus, la fracture numérique se creuse, avec une minorité d’usagers utilisant la majorité de la bande passante à haut débit et développant des usages enrichis. S’amplifient des relations asymétriques entre pourvoyeurs de plateformes d’origine américaine et utilisateurs, sans réelle alternative industrielle en Europe. C’est aussi un risque pour la diversité culturelle et le dialogue interculturel de notre continent. Du point de vue du pluralisme et de la transmission d’une culture européenne, il est important que les distributeurs des nouvelles plateformes d’accès à la télévision connectée soient soumis aux mêmes obligations que les distributeurs de services médias et notamment en termes d’obligation de reprendre les chaînes publiques disponibles sur la TNT. II. Propositions4. Quelles devraient être selon vous les recommandations à formuler à destination des acteurs (éditeurs, distributeurs, fournisseur d’accès à internet, équipementiers, pouvoirs publics, société civile etc.) au sujet de la protection des publics sensibles dans l’univers de la télévision connectée ? Les plates formes numériques de la télévision connectée étant aujourd’hui des médias éditeurs ou distributeurs de services audiovisuels, elles sont confrontées aux questions de ligne éditoriale, donc de responsabilité déontologique et aux obligations de la régulation publique. Elles doivent intégrer en amont les dimensions éducatives, de protection des mineurs et de respect des publics qui sont des utilisateurs de leurs contenus. Toute la chaîne des acteurs responsables de la diffusion des contenus est concernée : les éditeurs, les distributeurs, les hébergeurs et les fournisseurs d’accès à internet. Les pouvoirs publics ont un rôle à jouer d’impulsion de la corégulation, de mobilisation de tous les acteurs en associant notamment la société civile (associations de parents, associations d’éducation populaire, associations de défense des intérêts des jeunes spectateurs, associations familiales en tenant compte de la nécessité de leur diversité et de leur représentativité)… Le service public des médias tous supports et plates formes confondus, a également un rôle spécifique à jouer tant dans la sensibilisation et l’information des publics face aux différents enjeux éducatifs des médias, que dans l’offre d’espaces non soumis à la pression commerciale et destinés notamment à l’expression des jeunes. La recherche publique sur les pratiques médiatiques des publics fragiles est encore largement insuffisante, il importe de la soutenir, de la développer, et d’en tenir compte dans les orientations de la régulation. Doit être mise en place une éducation aux médias, à l’information critique et citoyenne, pour vivre dans notre société numérique et connectée, massive et systématique impulsée par les pouvoirs publics, en appui sur les associations éducatives et en lien avec les collectivités locales. Elle doit inclure les parents. 5. Les programmes audiovisuels et les jeux vidéo sont classifiés en fonction de leur impact sur le jeune public. Etes-vous favorables à l’extension de ce principe de classification par les éditeurs à d’autres contenus disponibles sur la télévision connectée comme certaines applications ? Oui, il faut étendre ces principes de classification par les éditeurs, en effet ce n’est pas le support technique ou matériel qui doit déterminer l’adéquation d’un contenu édité avec l’âge et le développement psycho moteur, cognitif et social de l’enfant et sa capacité à maitriser les contenus qui lui sont destinés. 6. A cet égard, la signalétique par âge vous semble-t-elle constituer un outil pertinent ? C’est un outil qui sert de repères tant pour les parents que pour les enfants ou adolescents à la télévision comme pour les jeux vidéo. Il suscite une adhésion à un haut niveau pour la télévision. Les parents sont également demandeurs de davantage d’information sur les motivations des classifications, à l’instar de ce qui existe avec PEGI pour les jeux vidéo. 7. Différents systèmes de contrôle parental existent dans l’audiovisuel et sur internet. Etes-vous favorables au développement, pour la télévision connectée, d’un outil unique de contrôle parental intégrant les systèmes de blocage et filtres existants dans l’audiovisuel et sur internet, en vue d’en faciliter l’usage par les adultes ? Les outils de contrôle parental sont indispensables pour protéger les plus jeunes même si là encore ils ne se suffisent pas à eux tout seuls. Mais c’est un point d’appui dans l’accompagnement des pratiques médiatiques des enfants par leurs parents. Les pouvoirs publics doivent jouer un rôle d’impulsion en direction des industriels et un rôle de garant de norme de qualité de ces outils. 8. Pensez-vous que cet outil devra permettre de paramétrer des profils d’utilisateurs en fonction de leur âge, dont un profil principal pour les parents permettant de contrôler les autres paramètres ? Oui en proposant un système simple dans ses fonctionnalités et en prévoyant des modules explicatifs en direction des parents et des adultes en charge d’enfants. 9. La télévision connectée rapproche des univers régulés et non régulés. Sur quoi doit selon vous porter la sensibilisation des familles et des publics sensibles, en termes de prévention des risques liés aux usages de la télévision connectée ? Tout d’abord, la nature des technologies ne doit pas influencer la nature de la régulation. Dans la mesure où tous les industriels de plates formes technologiques, ou fournisseurs d’accès se positionnent comme des éditeurs de contenus audiovisuels ou comme des médias, ils doivent remplir les obligations d’intérêt public des services de médias audiovisuels. 10. Que pensez-vous de l’idée de créer un portail internet ressource centralisant les informations et les initiatives sur la protection des mineurs dans les différents médias, afin de faciliter l’information des familles ? C’est une proposition qui est présente dans plusieurs des derniers rapports faits sur les questions d’éducation, de médias, de politique jeunesse et d’accompagnement des parents. Le rôle du service public ou d’un financement public pour une telle réalisation est sans doute nécessaire, en rassemblant tous les acteurs éducatifs (école, et hors école) et les éditeurs éducatifs indépendants. 11. Sur quoi doit selon vous porter la sensibilisation du public concernant la protection des publics sensibles sur la télévision connectée ? Une politique de protection doit faire partie d’une politique d’éducation. Une éducation aux médias doit intégrer la dimension protection et vice versa. Cette politique de prévention doit s’appuyer sur les acteurs éducatifs, mais aussi trouver des points d’appui dans une politique de conception d’outils, de ressources ou guides d’information… Voire de rendez-vous sur des réseaux de diffusion à grande écoute. 12. Quelles devraient être selon vous les recommandations à formuler à destination des acteurs concernant plus précisément la publicité dans un univers connecté, en particulier la publicité ciblée ? Une corégulation est nécessaire, rassemblant les professionnels, les pouvoirs publics et la société civile du monde de l’enfance et de la jeunesse. La question des droits doit être posée, notamment par rapport aux enfants en regard de la Convention internationale des droits de l’enfant. La dimension des stades de développement de l’enfant (pas de conscientisation de l’intentionnalité d’un message publicitaire avant 7 ans…) est une donnée à intégrer dans le sens du respect de l’enfant. La question du profilage et de l’utilisation des données personnelles, de l’accès à ces données, de leur effacement… est une question essentielle particulièrement pour les publics fragiles. 13. Quelles devraient être selon vous ces recommandations au sujet de la protection des données dans l’univers de la télévision connectée ? Corégulation particulièrement nécessaire avec le rôle de lieu institutionnel comme la CNIL, le Défenseur des droits, avec la volonté d’une participation des associations de l’enfance et de l’éducation. Voir ci-dessus. 14. Sur quoi doit selon vous porter la sensibilisation du public concernant le profilage et les données personnelles sur la télévision connectée ? La première réponse, est de réguler le profilage, et de permettre d’y échapper, avec des options simples, c’est la première mesure de prévention. Qu’il s’agisse d’un profilage sur internet, sur la télévision connectée, ou sur le second écran. III. Divers14. Avez-vous d’autres questions à suggérer ou des remarques d’ordre général à formuler ? Il est regrettable que les réseaux sociaux ne fassent pas l’objet d’un suivi au niveau national quant à leur respect de la protection des données à caractère personnel et de la protection des mineurs. Plusieurs études ont été conduites au niveau européen et publiées la plupart du temps en langue anglaise, sans donner lieu à une réflexion au niveau national, sans être intégrées à des dispositifs de réflexion au niveau national sur l’évolution de la régulation. Il est pourtant important de maintenir une réflexion nationale sur ces sujets en associant l’ensemble des acteurs concernés, et en faisant une place à la société civile organisée. Le 16 novembre 2012 Contact : christian.gautellier@wanadoo.fr Mise en ligne le 14 décembre 2012
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