Regard critique sur des contenus plurimédias >> Cédéroms

La lecture - Se perfectionner en lecture (CE2, CMI, CM2)
Jean Pierre Carrier

Génération 5

Rendre attrayant, c’est-à-dire dans le langage du multimédia éducatif « ludique », la réalisation d’exercices inscrits dans le cadre d’apprentissages scolaires peut se faire de deux manières.
La première, la plus courante, consiste à créer un environnement sympa, dans un contexte de jeu, où tout est fait pour réduire, voire faire oublier, la dimension scolaire des activités. On n’est pas dans la cour de récréation, mais on n’est pas non plus en classe ! Les exercices sont alors systématiquement appelés des « jeux ». Donc il ne s’agit pas d’un travail demandant des efforts. La dimension de plaisir est mise au premier plan. Et les acquisitions ou le développement de compétences se fait en supplément, presque à la sauvette : une prime récompensant l’usage du multimédia dans la détente et la joie.
La deuxième direction, pour donner aux apprentissages par le multimédia une dimension séduisante, est plus pédagogique. Elle consiste à travailler la forme même des activités, pour ne pas les réduire à de simples exercices d’application répétitifs, et essayer d’en faire de véritables « situations-problèmes » qui stimuleraient l’enfant par le défi qui lui est proposé. Il est clair que cette deuxième voie est de loin la moins fréquente, surtout lorsque l’on s’adresse aux plus petits (ce qu’on comprend fort bien pour les moins de six ans). Par contre c’est la seule qui pourra donner une légitimité scolaire aux apprentissages « multimédiatisés » et permettre aux produits multimédias hors ligne (cédéroms et dévédés) de trouver une place à l’école autre que de simple occupation. Mais pour qu’elle soit parfaitement efficace, encore faut-il que le multimédia ne renonce pas à ses caractéristiques et à ses possibilités d’innovation. S’il n’est guère possible actuellement d’affirmer qu’il apporte toujours et pour tous les enfants un plus dans la réalisation des apprentissages scolaires, il n’en reste pas moins important de maintenir le cap de la recherche de modalités différentes, voire nouvelles, d’apprentissage.
Le titre consacré par Génération 5 à la lecture au cycle 3 essaie de jouer sur les deux registres. Le premier sans doute parce qu’il n’est pas possible dans le contexte économique actuel de totalement le laisser de côté. L’utilisateur est ainsi plongé dans le cadre de « Télé G5 », en compagnie d’Arthur Leroi, présentateur virtuel au large sourire et aux cheveux en pics. Disons-le, au passage, ce type de graphisme assez simpliste, n’est pas fait pour plaire aux adultes et bien des enseignants risques d’être rebutés dès qu’ils le verront. Mais peu importe. Il s’agit sans doute pour l’éditeur de ne pas trop dépenser de moyens dans la création de l’environnement et nous ne pouvons que l’approuver si ces moyens sont mis au service de la pédagogie. Donner confiance à l’enfant, le stimuler et l’encourager tout au long de son travail, en évitant surtout qu’il renonce dès la première difficulté rencontrée, n’est jamais chose facile. Reconnaissons que le multimédia a quelques atouts relativement forts dans ce domaine. Ici le slogan mis en avant par l’‘éditeur est « Petit à petit, la lecture devient un plaisir. » Tout un programme dont il importe d’analyser les composantes multimédias et pédagogiques.

Vite et bien
Il s’agit de lire une phrase et de la retrouver ensuite dans un ensemble de phrases proches par le sens et par les mots qui la composent.
Le temps de lecture de la première phrase n’est pas limité, ce qui laisse à l’enfant la possibilité de mémoriser à son rythme. Le clic sur une réponse erronée ouvre simplement un message d’erreur et on a droit à une autre réponse. En cas de nouvelle erreur, la bonne réponse est cochée sans autre indication. L’intervention non sollicitée d’Arthur indique l’existence de l’aide (icône bouée). Celle-ci permet de relire la phrase initiale. La différenciation entre CE2 et CM réside dans la longueur et la difficulté des phrases proposées ainsi que dans le nombre de réponses possibles - une seule en CM2 - avant que la solution ne soit donnée.
L’activité est relativement classique, mais c’est un bon exemple de ce que peut permettre le recours à l’ordinateur. Le nombre de phrases proposées est important ainsi que leur variété. L’enfant peut travailler en autonomie et à son propre rythme.

L’intrus
Exercice lui aussi classique puisqu’il s’agit de trouver dans une liste le mot qui n’a rien à voir avec les autres.
Deux versions sont proposées : l’intrus-son concerne le mot où l’on n’entend pas le son qui figure dans les autres. Le son n’est pas oralisé par le programme et l’enfant doit donc faire l’effort de les identifier. Après deux essais erronés la réponse est donnée. L’aide peut être précieuse. Par exemple à propos de la liste de mots suivants : maximum, parfum, aquarium, album, elle indique que « dans l’intrus la lettre m ne se prononce pas ».
La deuxième variante porte sur le sens et ne présente pas d’originalité particulière.
Notons une intervention du compagnon Arthur portant sur les modalités d’effectuation de la tâche, ce qui change des habituels encouragements à ne pas abandonner. « Quelle rapidité dans les réponses. Dommage qu’il y ait tant d’erreurs. Arthur te dit : prends ton temps ».

Le jeu du dico
Un « pendu » qui présente l’intérêt de mettre en œuvre un système d’aide à la recherche original utilisant de façon efficace les possibilités de l’ordinateur.
Trois lignes sont proposées. On tape les lettres dans celle du milieu. Il faut remplir toutes les cases et valider. Les lettres correctes restent affichées. Jusque là rien de nouveau. Mais les deux autres lignes vont inscrire les lettres refusées dans un système d’aide ayant recours à l’ordre alphabétique. Pour celle du haut la lettre recherchée est située après celle qui est écrite ; pour celle du bas elle se situe avant. Si une lettre apparaît dans chaque ligne cela signifie que la bonne lettre se situe entre elles. Il y a là un bon moyen pour éviter que l’enfant tape des lettres au hasard. D’autant plus que s’il ne tient pas compte de ces indications, elles lui sont rappelées et sa frappe n’est pas acceptée.

Code secret
Remplacer des symboles par des lettres pour rendre le message lisible.
Le nombre d’essais est limité. Si l’on clique sur « recommence » on retrouve la forme initiale du message mais le nombre d’essais n’est pas augmenté. La bonne réponse n’est pas donnée une fois les essais épuisés. Si la solution n’est pas trouvée un message bref genre « ce n’est pas juste » est affiché et un nouveau message codé est proposé.
L’aide donne une lettre et l’inscrit dans la bonne case.
La difficulté principale réside dans le fait que la lettre tapée remplace le symbole. Il faut alors utiliser la barre d’espace pour le faire réapparaître. Si l’enfant ne fait pas cela il risque de se retrouver devant une suite de lettres ne formant pas de mots compréhensibles sans avoir de moyen de les modifier.

Découpages
Les espaces entre les mots sont supprimés, il s’agit de les rétablir.
En CE2 on lit d’abord la phrase correcte (ce qui n’existe plus au CM2) sans limitation de temps. En cas d’erreur, la phrase correcte est affichée à nouveau et le deuxième essai offre la possibilité de rectifier le travail précédent. À la deuxième erreur successive, les corrections s’affichent en rouge : les espaces erronés sont barrés et les espaces manquant sont indiqués d’une barre verticale. La phrase correcte est affichée en-dessous, en vert. Ce qui permet une véritable comparaison.
Notons que les phrases proposées sont des jeux de mots avec allitérations sonores et répétitions de lettres. Exemples : « Les marmots marmonnent mollement des mots » en CE2, et « Six chats chauves sont assis sur six couches de sauges » en CM2. Le travail d’identification des mots est certes important, mais en ce qui concerne le sens...

Mots envolés
Exercice à trous. Au passage de la souris sur la case des mots manquants, une liste est proposée dans laquelle il faut choisir la bonne réponse. Celle-ci peut être trouvée grâce au sens, mais aussi parfois grâce à l’orthographe. Dans le premier cas les bonnes réponses ne sont pas toujours évidentes car correspondantes à une logique qu’on peut ne pas partager sans tomber dans le non-sens ou une absurdité. Les enfants risquent alors de ne pas comprendre pourquoi leur réponse n’est pas acceptée comme valide. Ceci montre bien que le programme fonctionne toujours dans le cadre de questions fermées : il n’y a qu’une seule réponse. La trouver n’est pas toujours le résultat d’une véritable élaboration effectuée en traitant les données disponibles.

La bôite à poèmes
Le texte est écrit en continu. Il faut retrouver les vers en créant des retours à la ligne. Le travail porte ici sur les rimes, qu’il faut identifier, ce qui est quand même assez arbitraire, surtout dans le cas de poèmes comme ceux d’Éluard.
Cette activité nous semble la moins pertinente dans une perspective d’apprentissage de la lecture, mais elle a au moins l’intérêt de faire lire de la poésie.

Textes d’auteurs
Dernière activité, de la lecture, simplement. Les textes proposent des hypermots permettant d’afficher une définition au survol de la souris. Lorsqu’il s’agit d’un texte connu, l’auteur est indiqué à la fin et la bulle propose alors quelques informations sur sa vie et son œuvre. Des questions suivent la lecture. Une seule réponse est possible. Si elle est erronée, la bonne réponse est donnée immédiatement. Le choix des textes et des auteurs n’offre pas de grandes surprises et se situe dans l’ordinaire des manuels scolaires.

Un plus : il existe une version spéciale Enseignement : dans laquelle il est possible de modifier ou ajouter des questions, des aides pédagogiques et même de créer ses propres exercices.
Tout ceci représente bien des atouts pour constituer un outil dans le travail sur la lecture au cycle 3, bien utile en atelier personnalisé en fond de classe, lorsque celle-ci dispose de quelques ordinateurs.

Jean Pierre Carrier

Mise en ligne le 2 mai 2006
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