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Ricochets et Rebonds
Multimédia : rêve d’éducation ou rêve de technologie ?
Réseau internet, machines multimédias, nous sommes face à un ensemble d’innovations technologiques fortes. Mais, pourquoi donc l’opinion générale parle t’elle également, si facilement d’innovation pour l’école ? N’ayons pas d’illusion, progrès technique ne rime pas nécessairement avec progrès pédagogique. Parler d’innovation à l’école, c’est avant tout poser le rapport des enfants au savoir différemment, travailler en équipe, dans une démarche de projet commun, c’est décloisonner les espaces et les temps d’apprentissage, créer des situations authentiques pour les enfants, mettre en œuvre des pédagogies actives dans un contexte pluridisciplinaire, articulées avec l’environnement extérieur... Il ne sert à rien d’équiper les écoles de ces technologies interactives, ouvertes sur le monde si les savoirs continuent à être enseigner magistralement, de manière cloisonnée dans l’espace, les horaires et les modes d’organisation des groupes. Promouvoir les NTIC à l’école, comme outils ou ressources pédagogiques nouvelles ne suffit pas, il faut également leur assigner des finalités précises au cœur de projets de classe ou d’école, construits et partagés par une équipe éducative. Il est donc urgent de remettre au centre de toute formation aux NTIC, la primauté du projet à l’intérieur duquel elles s’intégreront. Mais, nous, pédagogues, nous devons pousser nos analyses plus loin, il faut aussi nous intéresser aux contenus des programmes en ligne ou inscrits sur ces “ galettes de connaissances ”. En effet, les partis-pris de contenus ne sont pas neutres, ils véhiculent une certaine conception du monde et du rapport à l’autre, ils portent une vision de la culture et du savoir. Ceci pose directement la question de la place de l’école et de son projet dans les stratégies de production et d’édition des entreprises multimédias. Là, on pénètre dans un univers où on ne parle plus de technologies mais de marché. Ne soyons pas dupes, on se sert trop souvent de l’école comme alibi ou marche-pied. Y fleurissent des concepts mous, comme le ludo éducatif dont la principale finalité est de s’inscrire dans des logiques commerciales grand public. Ces dernières sont diamétralement opposées à toute démarche visant à l’apprentissage ; d’un côté, les acteurs industriels mass-médiatisent avec comme conséquence une uniformisation et un formatage des contenus, de l’autre, l’école a besoin de contenus spécifiques pour des publics minoritaires. Une politique de production de contenus pédagogiques d’intérêt général est plus que nécessaire, elle doit être soutenue par le secteur public. Alors, si les institutions éducatives acceptent des alliances avec des industriels, soyons vigilants et mettons ces dernières aux services de nos rêves d’éducation ! Une mobilisation autour des NTIC n’a de sens que pour aider les équipes éducatives à répondre aux nouveaux défis complexes de l’école, pour tous les enfants et les jeunes d’aujourd’hui. Christian Gautellier Mise en ligne le 11 mai 2006
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