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Comprendre Facebook (1/3) : Le rôle social du bavardage

InternetActu ouvre un dossier sur Facebook. Il est réalisé par Hubert Guillaud. On le sait depuis longtemps. Accéder à un service, ne signifie par pour autant savoir l’utiliser, le comprendre, ni même le maîtriser suffisamment pour être capable d’innover, de créer avec. Les outils numériques sont familiers de ces cloisonnements. On peut-être né avec le numérique et ne pas en maîtriser les usages, on peut utiliser Facebook au quotidien sans comprendre l’étendue de son action. D’ailleurs, la plupart du temps, on n’en a pas besoin.

Pas seulement, les dangers de son utilisation comme aiment à nous le répéter les grands médias de manière souvent simpliste ou certains experts avec plus de finesse (je vous renvoie au livre de notre collègue Jean-Marc Manach La vie privée un problème de vieux cons pour mieux comprendre la problématique de la vie privée à l’heure des réseaux sociaux, qui ne sera pas le sujet de cette série), mais plus encore le potentiel créatif que l’outil libère, son fonctionnement intrinsèque.

Comprendre les médias sociaux et leur fonctionnement social et psychologique comme technique, tel est l’enjeu de ce dossier.

Apparemment, Facebook est un babillage chronophage et décérébrant

Il y a quelques mois, dans le Monde magazine (sur abonnement), Frédéric Filloux, pourtant grand observateur d’internet, dressait le portrait de Facebook, avec le dédain habituel avec lequel on considère toutes les innovations en provenance du web. Ce qu’on échange sur Facebook (mais également sur Twitter ou la plupart des médias sociaux) se résume à un “babillage” chronophage et décérébrant, estime le journaliste et consultant. Une des pires expressions de l’infobésité contemporaine.

Soit. On peut le voir ainsi. C’est pourtant ne pas voir grand-chose du fonctionnement de Facebook. C’est n’en voir que le mur, que ce fil d’actualité qui disparait à mesure qu’il s’affiche. C’est n’en voir que ces échanges subjectifs et incomplets, ce bavardage, cette conversation permanente pour ne rien dire, et oublier qu’ils sont depuis toujours le ciment des relations sociales. Certes, l’usage des sites sociaux peut-être chronophage (mais pas pour tout le monde et pas pour tous de la même manière). Quant à l’action décérébrante d’internet qu’agitent comme une menace quelques Cassandres, tel Nicholas Carr, on sait que ce n’est pas si simple : notre capacité à être attentif,n’est pas nécessairement un idéal. Si nous n’étions qu’attentifs, en fait, nous ne pourrions pas l’être : c’est notre inattention qui nous permet de construire notre attention.

Mais surtout ce bavardage et ces échanges ne sont pas aussi vains qu’ils y paraissent, pour autant qu’on veuille bien observer le rôle social et psychologique du bavardage.

La fonction phatique de l’internet

“Que l’internet permette de publier un message qui ne dit rien d’intéressant, c’est ça qui est intéressant”, nous explique le psychologue Yann Leroux. “De plus en plus, la technologie prend en charge ce que Roman Jakobson appelait la fonction phatique du langage”. Et dans ce cadre, nos échanges sur l’internet sont bien l’exact reflet de nos échanges réels. L’essentiel de nos échanges ne vise pas à l’efficacité, loin de là. Et ce d’autant plus que les espaces d’écritures du web sont limités comme c’est le cas sur Facebook ou Twitter (“à la différence des blogs où l’on trouve plus souvent une narration de qualité”). “Le dispositif joue une part importante en fonction de ce q ! u’il impose : ainsi, on ne dit plus qu’on est à tel endroit, mais on se géolocalise sur Foursquare”, estime le psychologue. Une part de la fonction phatique de nos échanges est prise en charge par nos machines et via les machines. Nos outils socio-techniques démultiplient à l’envie les messages pour s’assurer de leur fonctionnement ou de leur bonne réception…

“Internet est un espace intermédiaire entre moi et les autres, un espace de porosité entre nos mondes internes et nos phases sociales. Quand je dis quelque chose de très banal pour les autres, ça peut-être important pour moi.” Bien sûr cela peut-être utilisé de façon transformative (ça peut-être utilisé pour se transformer, pour agir sur soi) ou pour favoriser des enfermements (on dépose des choses intimes dans un espace pour ne pas y repenser), précise le psychologue. Mais tous nos échanges ne sont pas informatifs. Jouer, plaisanter, rire de soi ou des autres, parler pour ne rien dire… sont aussi des formes d’échange social importantes. Et ce sont bien celles-ci que beaucoup dénoncent sur Facebook.

Pourtant, les formes courtes, lapidaires, favorisent les jeux de styles, l’humour. Même si dans le champ des personnes qu’il rencontre, il peut ne pas toucher tout le monde. Bien souvent, et depuis longtemps, le style et la manière d’intervenir sur les réseaux comptent plus que l’objet même de l’échange, estime la psychanalyste Geneviève Lombard. “Une des possibilités de Twitter est ainsi de “faire signe”. Lorsque” le signe” n’a pas de consistance , ou quand sa consistance n’est pas reconnue, il fonctionne quand même comme signal, car il se rattache la plupart du temps à des arborescences (des liens, des blogs, des sites…) grâce auxquelles il se trouve contextualisé, explicité, développé ; de mille manières. Ce “signe” est juste la pointe la plus actuelle d’une activité web plus générale, qui a souvent une histoire et une surface plus large. Il en assure apparaitre au présent.” C’est ainsi qu’il faut entendre l’essentiel de nos échanges sur les sites sociaux : comme un ensemble de signes qui nous permettent de faire société dans une société médiatée.

Pour Yann Leroux, le réseau social est notre nouveau doudou, celui qu’on consulte le soir, avant de s’endormir. Selon un sondage britannique, plus de 70% de personnes interrogées consultent leurs réseaux sociaux avant d’aller au lit et 18% twittent en pleine nuit. “Il faut se souvenir que s’endormir n’est pas une opération simple”, rappelle le psychologue. Nous avons tous des techniques personnelles pour y parvenir. Ces techniques et ces objets sont des manières de pallier l’angoisse de la séparation, d’aller vers un état que l’on ne connaît pas (le sommeil). “Pour cela, il faut désinvestir les pensées qui nous ont accompagnées toute la journée, et une des choses qui peut aider passe pa ! rfois par des rituels de vérification”. Ainsi, vérifier le calme qui se répand sur les réseaux sociaux au fur et à mesure que la nuit s’avance nous rassure et nous calme à notre tour. Le réseau social peut aussi être utilisé comme un consolateur ou un briseur de soucis. Les lolcats et autres motivational posters (ou demotivational) jouent également ce rôle. Des chaines de mails qui échangent à l’infini ces mèmes qui composent le réseau, aux assertions idiotes ou inutiles que l’on publie en commentaire sur le Facebook de nos relations… tout cela participe de modalités d’échanges qui ne sont pas aussi futiles qu’e ! lles paraissent.

De l’importance sociale du bavardage

Le bavardage confirme le rôle prédominant de la communication sociale : non, nos échanges ne visent pas uniquement à l’efficacité, loin de là. Le bavardage est certes un bruit de fond, disait déjà Paolo Virno : “insignifiant en soi, il offre néanmoins la trame d’où extraire des variantes significatives, des modulations insolites, des articulations imprévues. Le bavardage ne représente pas quelque chose, mais c’est précisément en cela qu’il peut tout produire.”

Pour autant, il est par beaucoup dénoncé comme une injonction à parler, à débattre, le fruit vénéneux d’une “hypnose sociale” au profit de l’autonomie de la pensée, même si cette injonction du dialogue pour le dialogue conduit à tout confondre et à ne plus rien classer. Tout devient prétexte à bavardage et tout est bavardage. Et Facebook, permettant de bavarder sur tout en est certainement le symbole le plus évident.

Mais Facebook n’est pas condamné parce qu’il nous permet de bavarder sur tout, mais parce que nos bavardages sont désormais écrits, affichés, indexés, cherchables, monétisables… La futilité des propos inscrits n’a pas la même valeur que ceux que la parole prononce et oublie aussitôt. D’un coup, ils s’affichent, s’archivent et deviennent reproductibles (même avec leurs tics de langage puisque “Facebook est le roman que nous écrivons tous”). L’incident peut devenir un accident comme le disait Frank Beau lorsqu’il analysait la viralité des mêmes qui circulent sur l’internet et en structure ! nt l’imaginaire.

François Perea, maître de conférences à l’université Paul Valéry, dans un article sur les représentations de soi dans l’espace numérique parle de “comportement tribal” du web 2.0. L’anthropologue Robin Dunbar parle de “toilettage verbal” pour caractériser la fonction du bavardage, qu’il rapproche du toilettage social que pratiquent les primates.

C’est ce que nous explique également Judith Donath, la directrice du Sociable Media Group : “Ce que l’on fait sur ces sites consiste plutôt à passer un peu de temps, à montrer qu’on fait attention à l’autre, que l’on pense à lui”. Pour cela, bien sûr, il faut passer par un “activisme nécessaire”, contraint par l’objet sociotechnique qu’on utilise. C’est pourquoi nous modifions nos statuts, commentons, jouons aux ! jeux et aux quizz que d’autres nous transmettent… Nous sommes contraints de répondre aux signaux que nous adressent les autres. Le mur de Facebook joue précisément ce rôle : accepter une mise en relation le plus souvent avec un inconnu (avec quelqu’un qui vous a identifié, mais que vous ne connaissez pas nécessairement) pour échanger des signaux qui feront sens ou qu’on ne décodera pas forcément l’un l’autre. Facebook et les outils du web 2.0 démultiplient les signaux et rituels qu’on s’envoie (commentaires, images, liens, photos, vidéos, jeux, like…) pour permettre de s’appréhender les uns les autres.

Mais surtout, insiste Donath : “Cela montre que les choses que vous dites n’existent que dans le contexte d’autres communications et qu’on ne peut pas les regarder de manières isolées, comme si elles étaient des publications uniques, singulières. Nos discussions ne se comprennent que dans le réseau de relations et de signes dans lesquelles elles s’inscrivent.” C’est-à-dire qu’il est difficile d’interpréter nos échanges sur Facebook à l’aune de ces seuls échanges. Publier sur le mur de Facebook une petite vidéo prise avec son mobile montrant un ami en train de hurler on ne sait pas quoi lors d’une soirée chahutée peut n’avoir aucun sens pour bien des relations qui en prendront connaissance. Cette vidéo qui semble isolée s’inscrit en fait dans un maillage relationnel et communicationnel qui nous est en grande partie inconnu, qui passe par un bien plus vaste maillage de relations et d’outils de communications. Sur Facebook on ne voit poindre qu’une partie du bavardage constant qui nous façonne. Mais néanmoins, même imparfaitement, il apparaît, il devient visible, lisible… Il démultiplie les relations particulières que nous avons avec chacun pour les mettre à la vue de tous, permettant à d’autres de s’en saisir, d’y trouver sens ou amusement – ou pas.

L’optimisation des échanges et la réduction relationnelle

Ces échanges inconstants que l’on a sur les réseaux s’avèrent une formidable matière pour comprendre les évolutions de notre société. L’analyse des données issues de Facebook ou d’autres réseaux sociaux (comme le site relationnel OK Cupid par exemple, qui sur son blog observe très régulièrement ce que publie ses membres pour en comprendre les normes sociales) permet de porter un regard neuf sur le rôle de ces échanges, sur leur importance et surtout sur leurs significations.

Facebook essayait ainsi récemment de comprendre les relations de cause à effet entre la composition des messages des statuts et l’entregent d’une personne (c’est-à-dire sa capacité à entretenir un réseau de relations influentes), montrant que les messages qui ont le plus d’audience sont ceux qui se conforment le plus aux canons de la prise de parole classique dans l’espace public : “des messages plus structurés, désinvestis et moins personnels, se projetant vers l’avenir (fût-il proche)”, rappelle Vincent Truffy. Rien que de normal. La technologie relationnelle à l’oeuvre porte ses propres effets d’optimisation. Le plus souvent ses techniques favorisent certaines formes d’activités par rapport à d’autres : les réseaux sociaux favorisent globalement ceux qui partagent des liens entre eux plus que ceux qui discutent, ceux qui démultiplient les relations que ceux qui ont des relations intensives avec un groupe réduit.

Ces mesures ne discriminent pas pour autant la portée des autres messages, même si elles ne savent pas les valoriser : les messages moins structurés, plus personnels, qui servent à donner de la vacuité ou de l’épaisseur à nos relations demeurent néanmoins les plus nombreux. Echanger des banalités a certes moins d’impact sur notre entregent, mais n’est pour autant dénué de sens ou de plaisir, pour autant que nous nous sentions proches de cette personne. Facebook favorise ce sentiment de proximité, en nous montrant le flux de ceux avec qui nos échanges sont les plus nourris.

Sur Facebook, chacun derrière nos écrans, nous échangeons nos quotidiens. Nos messages personnels se perdent dans le flux des relations que l’outil, dans sa logique d’optimisation, nous pousse à démultiplier. Nos amis, nos relations, nos collègues, les inconnus qui croient nous connaître sont tous indifféremment mêlés. Dans ce flux constant, notre bavardage prend sens, ou pas. Il est le ciment des relations. Mais en traitant toutes les relations sur le même pied d’égalité, Facebook en détourne le jeu. En ne permettant d’avoir qu’un niveau de relation (l’amitié) Facebook réduit la complexité relationnelle de sa base à son expression la plus simple. Il faudrait pouvoir avoir plusieurs niveaux relationnels pour caractériser nos relations (inconnus, relations, collègues, amis…). Or Facebook a tendance à tout lisser, mettant sur le même plan le signe social et l’information structurée, le privé et le public, le personnel et le professionnel.

Quand le bavardage permet de comprendre notre société

Récemment, un professeur d’université britannique faisait état d’une recherche qui n’aurait pas été possible de mesurer sans Facebook : son étude portait sur le phénomène consistant à se rouler une pelle entre amis par jeu, pour afficher son amitié et de publier la vidéo ou les photos de ce baiser sur les sites sociaux. Le professeur Eric Anderson, maître de conférences au département de l’éducation de l’université de Bath veut y voir un signe du déclin de l’homophobie chez les nouvelles générations… Les avocats voient même désormais dans les échanges sur Facebook l’une des principales raisons des divorces et surtout de preuves apportées aux divorces, sans voir qu’en fait Facebook ne fait que mettre en évidence des choses qui se sont déjà délitées par ailleurs. Facebook n’est que le lieu documenté de notre société moderne. Pratique bouc-émissaire ou document ultime – parce qu’écrit et visible – de la vie des gens.

Il faut raison garder, nous rappelle le sociologue Dominique Cardon. “Sur Facebook, on peut toujours trouver quelque chose pour confirmer qu’on a raison.” Le risque est de passer de la sociologie à la “tendançologie”, de faire des sites sociaux les boucs-émissaires de nos relations tourmentées et difficiles, parce que les incidents y prennent une inscription qui leur donne une importance qu’ils n’avaient pas nécessairement. Reste que les réseaux sociaux constituent un corpus d’archives (en temps réel) assez passionnant pour comprendre les mentalités et les pratiques, explique le chercheur. Les sites sociaux permettent d’observer beaucoup de choses, pour autant qu’on se donne les outils et méthodes nécessaires. “Est-ce qu’internet à travers les blogs de cuisine peut nous donner une idée des transformations des pratiques culinaires de français ?”

Pour autant, relativise le chercheur, si on trouve plein d’exemples de ce qu’internet apporte aux sciences sociales, rien de ce qu’y s’y trouve n’est inconnu des sciences sociales. Il n’y a pas de révolution par les données. L’utilisation des bases de données confirme des intuitions, des analyses, permet d’affiner les chiffres, mais ne révolutionne pas la connaissance. “C’est le coeur des sciences sociales : elles sont tout le temps décevantes !”.

Certes, avant on connaissait la vie privée par les documents archivés par la police et les tribunaux, aujourd’hui, le corps de l’information n’est plus dans les archives administratives, mais dans les témoignages directs des gens.

“On peut chercher à anoblir les bavardages sur Facebook pour qu’ils deviennent objets de sciences. Ils sont certes une matière riche pour la compréhension des fonctionnements et des transformations sociales. Mais il ne faut pas pour autant que cela leur enlève leur sens premier : celui d’être essentiel aux échanges sociaux”. Qu’importe alors si nos échanges sur Facebook ne sont pas l’expression la plus haute de la pensée humaine, ce n’est certainement pas leur but…

Un si petit monde

Dans son analyse sur les relations de cause à effet entre la composition des messages des statuts et l’entregent d’une personne, la Data Team de Facebook a aussi souligné l’importance de l’homogénéité des groupes : c’est-à-dire la tendance à avoir le même type de comportement que ses relations : si le groupe auquel on appartient écrit des messages longs ou commente beaucoup, on a tendance à avoir le même comportement pour se conformer aux usages du groupe. Les sociologues ont depuis longtemps mis cela en évidence, notamment dans les pratiques adolescentes, comme l’a montré Dominique Pasquier. Mais ce n’est pas le cas seulement des plus jeunes : nous faisons groupe également parce que nous avons des pratiques similaires.

C’est l’”homophilie” qu’évoque danah boyd, c’est-à-dire cette capacité dans un monde en réseau à ce que les gens se connectent à des gens qui leur ressemblent a un corolaire : il est désormais facile de ne pas accéder au point de vue de gens qui ne pensent pas comme vous. “Nous vivons tous dans nos propres mondes, avec des gens qui partagent nos valeurs, et avec les médias en réseau, il est souvent difficile de voir au-delà. (…) La technologie ne bouleverse pas les clivages sociaux. Au contraire, elle les renforce.”

En 2009, des chercheurs en sciences sociales employés par Facebook pour en étudier les effets sur la sociabilité ont publié un rapport analysant de quelle manière s’organise la communication entre les membres du réseau”, explique l’anthropologue Stefana Broadbent dans son récent livre, L’intimité au travail. “Il en est ressorti qu’en moyenne les utilisateurs comptaient cent vingt amis, mais qu’ils communiquaient activement avec moins de 10 % d’entre eux. Les chercheurs ont défini ainsi 4 types de réseaux différents : les amis, c’est-à-dire l’ensemble des relations d’une personne ; ceux avec lesquels il y avait une communication réciproque ; ceux avec lesquels il y avait une communication à sens unique et ceux avec lesquels il y avait des relations maintenues (quand les gens cliquent sur le fil d’actualité d’une relation ou visite plusieurs fois le profil). Ils ont montré que les personnes ayant 120 amis (un chiffre qui correspond à la majorité des utilisateurs), sont activement engagées avec moins de 10 personnes. L’utilisateur moyen laisse des commentaires sur les photos, le mur ou les statuts de 7 relations, et envoie des messages ou chatte avec 6 amis.”Les utilisateurs sont engagés de façon passive avec une vingtaine d’amis seulement. Or, c’est “cet engagement passif qui donne aux utilisateurs du site que grâce à Facebook ils communiquent plus et restent en contact avec davantage de gens.”

Olivier Ertzscheid, maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication au département Infocom de l’IUT de La Roche-sur-Yon, explique dans un billet sur la taille du web que nous fréquentons que l’une des conséquences de cette homogénéité et de cette homophilie “signifie qu’une fois sur quatre, je vais naviguer là où “mes amis” ou “les amis de mes amis” m’envoient naviguer”. Sur Facebook, plus encore que sur le web, le diamètre de ce que nous visitons ne semble cesser de se restreindre. Notre univers est borné par nos “amis”, comme il l’était il y a 100 par notre voisinage et notre niveau social – et nos amis sont ! bien évidemment le plus souvent aussi le reflet de cela.

Difficile de mesurer si “l’enfermement consenti” ou “la logique documentaire concentrationnaire” ou“uniformisante” à l’œuvre sur les sites sociaux est moindre qu’elle a pu l’être, dans le réel, où à l’époque où nous ne consultions que les trois premiers résultats de Google.

Comme le dit encore Olivier Ertzscheid, c’est peut-être dans nos représentations que le web, vu via Facebook, est porteur d’une rupture radicale. Avec Facebook, le web n’est plus synonyme d’altérité, de décalage. Il n’est plus un lieu d’exploration inépuisable, comme nous avons bien souvent tendance à le croire. Au contraire. Il borne le web que nous fréquentons, qui est toujours plus étroit que nous ne le pensons – nous revenons pourtant le plus souvent toujours sur les mêmes sites. Cela participe certainement de son mûrissement et de son installation comme “média” à part entière. L’internet – et l’internet vu depuis Facebook – échappe de moins en moins à la logique de média social qui le caractérise.

Hubert Guillaud
Sources InternetActu.net

Voir également l’interview de Judith Donath menée par Hubert Guillaud, professeur au Media Lab du MIT et fondatrice du Sociable Media Group, auteure de nombreux articles d’analyse sur les médias sociaux et l’impact social d’internet dont elle est l’une des spécialistes

Mise en ligne le 11 avril 2011
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