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Facebook et le « temps de cerveau disponible »
A lire ce très intéressant article de YOHAN BONIFACE Responsable de l’informatique éditoriale de Libération, qui propose une analyse critique de Facebook. Si Internet était à vendre, y aurait-il un prince du Qatar ou une multinationale pour en faire l’acquisition ? Cette question incongrue est-elle déjà obsolète ? L’Internet qu’on croit connaître, neutre et ouvert, ne nous appartient peut-être plus. Devenu le nerf de nos sociétés modernes, Internet est né sur un principe génial : le réseau Prenons l’exemple de Facebook. On se souvient tous de la phrase de l’ancien PDG de TF1 expliquant que la mission de la chaîne était de « vendre du temps de cerveau disponible » à une marque de boisson gazeuse. Facebook, le TF1 d’Internet, est construit sur ce même principe. Il crée des services prétextes pour collecter les informations les plus précises possible sur vous, qu’il utilise pour cibler les messages des annonceurs. Né comme réseau social, Facebook a d’abord créé votre profil de consommateur en utilisant vos données personnelles (âge, sexe, contenu des messages, amis…). L’étape suivante fut d’inciter les créateurs de contenus (journaux, marques, artistes, partis…) à construire des « espaces » à l’intérieur même de son réseau. Ce faisant, Peu à peu, une entreprise comme Facebook détricote l’architecture d’un Internet libre : par son marketing et ses innovations technologiques, il crée un point de passage géant, sur lequel beaucoup d’individus et de sociétés construisent leur rapport à Internet. Dès lors qu’on visualise ce glissement d’un Internet constitué de milliards de points de passage, mis en place par des millions d’individus et de sociétés aux intérêts divers, vers un Internet Cette menace qui pèse sur les fondements technologiques d’Internet est particulièrement sensible pour les créateurs de contenus. Le modèle que pousse Facebook (et d’autres mastodontes tels Apple ou Google), c’est l’installation d’intermédiaires intéressés et non neutres entre les créateurs de contenus et les internautes, compromettant leur autonomie aussi bien éditoriale que financière. Lesquels se transforment en simples fournisseurs de « contenus », perdant au passage le lien direct à leur propre audience. Seuls alors les contenus Ensemble, ils sont la poule aux oeufs d’or de Facebook ou Google, et il serait temps qu’ils trouvent un moyen de parler d’une voix un peu plus unie pour réclamer leur part de ces énormes gâteaux que se sont Concrètement, deux lignes directrices peuvent aider en ce sens : ne jamais installer les « boutons mouchards » ; ne jamais se retrouver en situation où son propre contenu est intégralement consulté depuis des espaces contrôlés par ces prédateurs d’Internet. Pour les médias, les Etats et les régulateurs d’Internet, il est temps de prendre conscience que l’absence totale de règles éthiques et supranationales sur le réseau Internet profite, une fois de plus, à l’appétit démesuré des multinationales du Net. Ce qui se passe sous nos yeux, c’est la privatisation du Web : avec la participation passive, si ce n’est la bénédiction, de tous, quelques multinationales sont en train d’acheter Internet pour la somme de… zéro euro. http://www.liberation.fr/medias/2012/06/21/facebook-et-le-temps-de-cerveau-disponible_828193 Mise en ligne le 21 juin 2012
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