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Introduire un regard critique sur la société numérique...

Les Ceméa se positionnent à travers l’association Enjeux e-médias... "La promesse du numérique pour transformer l’école ne pourra devenir une réalité qu’à travers un projet politique fort intégrant une réflexion critique par rapport à cette société numérique…. Société qui s’inscrit actuellement davantage dans un projet technico-libéral faisant des jeunes les cœurs de cible de puissantes stratégies marketing, plutôt que les acteurs d’un projet citoyen", réaffirment les responsables de la nouvelle association Enjeux e médias, créée par les Ceméa, la Ligue de l’Enseignement, les Francas et la Fcpe, dans une interview à l’agence de presse Tout Educ.

Christian Gautellier (CEMEA), le président et Christine Menzaghi (Ligue de l’enseignement) la secrétaire générale donnent à ToutEduc les raisons de la création d’une nouvelle structure associative dans le champ de l’éducation aux médias.

ToutEduc : Pourquoi créer "Enjeux e-medias" ? N’aviez-vous pas déjà le CIEME (le collectif interassociatif Enfance et Média) ?

CG et CM : Le CIEME conserve toute sa pertinence. Il réunit une vingtaine d’organisations, mouvements d’éducation populaire et de jeunesse, syndicats enseignants, organisations familiales. Dans ce cadre, nous intervenons au CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) par exemple. Ce collectif continuera d’être un espace de concertation sur les sujets qui le nécessiteront. Mais nous avons le sentiment que sur un certain nombre de sujets, nous avons besoin d’une structure de travail plus souple, plus réactive, à même d’envisager plus largement la question médiatique, pour les enfants et les jeunes, mais pas seulement. C’est tout au long de la vie que cette question se pose... Les enjeux, pour nous, ne sont pas seulement "enfance et médias" mais "Information, citoyenneté, éducation, médias", à l’heure où l’on voit croître une certaine défiance du public à l’égard des moyens d’information, et où s’installe une certaine confusion sur ce qu’est un média. Un blog est-il une source d’information ? et un réseau social ? celui qui twitte fait-il œuvre de journalisme ? Avec les fêtes de fin d’année, nous avons vu se répandre un discours d’adhésion béate à la modernité des tablettes, comme si l’outil validait le contenu !

ToutEduc : Votre réflexion ne porte pas seulement sur la presse papier ou télévisuelle ?

CG et CM : Non. Elle porte sur l’ensemble de l’univers médiatique. Il faut en avoir une approche systémique. Nous sommes d’ailleurs en train de constituer notre comité scientifique, avec des universitaires, comme Sophie Jehel et Divina Frau- Meigs, et des journalistes. Et nous avons lancé un appel pour des "états généraux de l’éducation aux médias" lors des assises du journalisme, début octobre à Poitiers (ici).

ToutEduc : Cette éducation existe déjà. De plus, le CLEMI, qui dépend du CNDP et de l’Education nationale mène un travail de fond avec les enseignants...

CG et CM : Les actions d’éducation aux médias concernent au maximum 10 % des jeunes. Il y a un enjeu important de massification. L’action du CLEMI est bien sûr importante, mais l’éducation aux médias ne doit pas se limiter aux temps scolaires, elle doit s’inscrire aussi dans les autres temps de la vie des jeunes, dans les loisirs, à la maison, dans les associations... Il est nécessaire de changer d’échelle. C’est le rôle d’associations d’éducation populaire, d’autant qu’elles sont complémentaires de l’école publique.

ToutEduc : Que vous suggère le projet de loi sur la refondation de l’école ?

CG et CM : Le projet de loi d’orientation pour la refondation de l’école prévoit dans son article 4 que la formation scolaire "développe les connaissances, les compétences et la culture nécessaires à l’exercice de la citoyenneté dans la société de l’information et de la communication". Il s’agit bien de faire le pont entre éducation aux médias et citoyenneté pour tous les enfants, dans leurs espaces de vie. Cet article de la loi nous oblige aussi à nous interroger sur l’exercice de la parentalité dans une société en mutation, qui devient une "société de l’information". L’article 31 indique, à propos de la formation dispensée à tous les élèves des collèges, qu’elle doit comprendre "une initiation économique et sociale et une initiation technologique" et "une éducation aux médias numériques".

Il y a donc des avancées réelles dans le projet de loi. La promesse du numérique pour transformer l’école ne pourra cependant devenir une réalité qu’à travers un projet politique fort intégrant une réflexion critique par rapport à cette société numérique…. Société qui s’inscrit actuellement, et nous le regrettons, davantage dans un projet technico-libéral faisant des jeunes les cœurs de cible de puissantes stratégies marketing, plutôt que les acteurs d’un projet citoyen. Le projet d’Enjeux e-médias est à ce carrefour entre le politique et l’action, éducative et émancipatrice. Et la place d’une éducation aux médias refondée en est le levier…

La mise en œuvre de la loi suppose la création d’un service public de l’enseignement numérique. Il nous appartient de peser dans le débat qui va précéder sa création et de proposer aux divers acteurs, aux pouvoirs publics notamment, des partenariats avec nos associations qui remplissent une mission éducative d’intérêt général .

ToutEduc : La loi porte sur l’Ecole, mais il y a aussi tous les usages des médias numériques hors de l’école... Comment voyez leur régulation ?

CG et CM : On peut considérer, dans une optique libérale, que les industriels, y compris les géants comme Google ou Facebook vont s’auto-réguler, et que le public régulera de lui-même, s’il est convenablement informé des risques, les usages qu’il fait de leurs services. Ce n’est pas notre conception, d’autant que nous avons vu l’échec de cette politique. Nous militons pour une co-régulation, qui suppose des alliances de la société civile organisée, donc des associations comme les nôtres, et des pouvoirs publics agissant en dialogue avec les industries de programme. Les enjeux sont importants. La réduction de la fracture numérique ne passe pas seulement par l’équipement du territoire en très haut débit ! Une politique de co-régulation doit s’articuler avec un projet éducatif de formation systématique et tout au long de la vie.

ToutEduc : Où en êtes-vous de la création de cette association ?

CG et CM : Nous l’avons décidée lors du salon de l’éducation, le 22 novembre 2012, et nous venons de déposer les statuts. Les trois principaux mouvements d’éducation populaire, Ligue de l’enseignement, Francas et CEMEA ont l’habitude de travailler ensemble et avec la FCPE. Nous avons ainsi édité en commun, en 2012, un guide à destination des parents "Découvrir Internet ensemble, c’est plus sûr", dans le cadre du programme "Internet Sans Crainte". Nous assurons la présidence et le secrétariat général, Didier Jacquemain (Francas) et Jean-Jacques Hazan (FCPE), les deux vice-présidences.

A noter qu’il s’agit bien de "Enjeux e-medias" (prononcez immédiat), et non pas de "Enjeux @-médias" comme annoncé précédemment.

Voir le site Tout Educ

Lire aussi le communiqué de presse annonçant la création de l’association.

Mise en ligne le 12 janvier 2013
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