Des gens sur place devenus reporters... Des journalistes professionnels transformés les premiers en « urgentistes ». Tout au long de cette catastrophe, les médias ont joué des rôles essentiels... La télévision a montré toute sa force émotionnelle, à travers des flux d’images nous laissant figés d’émotion... L’internet est apparu comme un formidable outil de communication en situation de crise...
Mais, efficaces pour mobiliser les opinions, les télévisions ont été prises dans une certaine frénésie de décrochages en direct, s’enchaînant trop mécaniquement comme une illustration d’une couverture médiatique parfaitement réussie... Surtout, elles ont montré leurs faiblesses, ne laissant que peu de place, après les premières émotions, aux analyses, à la réflexion, pour comprendre, pour, au-delà de la compassion, poser les enjeux des politiques de prévention, de développement ... La presse écrite a mieux apporté cette distanciation, certaines émissions de radio, ont amené les auditeurs, dans des postures plus de type « citoyens-acteurs » du monde, que uniquement « cibles » d’un marketing humanitaire par chèque de soutien interposé... Sur le web, on a trouvé beaucoup d’informations, mais entre les blogs et les divers sites, tout se mélange et il est difficile de repérer les infos sourcées, vérifiées et signées. De là à dire, comme l’ont fait certains directeurs de l’information de grands médias, que « le public devient journaliste »...
Nous, mouvement d’éducation, nous préférons proposer à tous une maîtrise des médias laissant chacun acteur de ses projets individuels et collectifs. Et arrêtons de tomber dans le mythe de la technologie qui ferait à elle seule « sens et projet » ! D’ailleurs le grand bug côté « nouvelles technologies de l’information et de la communication », à l’occasion de cette tragédie, ne vient-il pas du paradoxe d’un monde bardé de satellites, de réseaux, de médias, de téléphones, qui n’a pas su, pas pu utiliser les quelques dizaines (et plus) de minutes que pouvait laisser la détection en temps réel de ce tremblement de terre, pour informer et donc prévenir les populations concernées... Ces pays, où en temps réel, une industrie de l’information performante, utilise ces mêmes technologies, pour finaliser les comptabilités des sociétés occidentales ou pour assurer le suivi 24 heures sur 24 de leurs télé-services, illustrent que la mondialisation de l’information l’est surtout au service d’une économie monde... oubliant des millions de populations locales, citoyennes de ce même monde ! Et que dire du fonctionnement solidaire de la planète, lorsque l’on sait que la NHK (télévision publique japonaise) a annoncé sur toutes ses ondes, un quart d’heure après le tremblement de terre, qu’il n’y avait aucun risque... pour ses propres populations, bénéficiaires et protégées elles, par un système d’alerte et de précaution sophistiqué et coûteux ? Inégalités criantes, choix non neutres d’investissement et d’usages des TIC... Cette catastrophe nous rappelle notre mobilisation permanente nécessaire pour que ces technologies s’inscrivent, mondialement et localement, dans des projets de développement, au service de toutes les populations, équitables et solidaires... L’éducation au fonctionnement du monde pour en changer le cours, un enjeu, une nécessité ou une urgence ? Une utopie concrète.