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Webmestre, le maître d’Internet

Jean Pierre Carrier

Gallimard multimédia

Nous avions apprécié le précédant titre des mêmes auteurs néerlandais proposé par Gallimard, Le Maître des Eléments. Nous retrouvons donc ici avec plaisir la même facture de jeu, qui a pu poser bien des problèmes dans son utilisation à ceux qui n’avaient pas la patience d’écouter jusqu’au bout les explications de l’introduction. On retrouve aussi le même sens du mystère, même si cette fois le but du jeu est beaucoup plus clairement énoncé, ce qui devrait motiver davantage les joueurs à essayer d’aller jusqu’au terme. Une récompense d’ailleurs les y attend, sous forme d’une adresse web, le vrai, où il sera possible de découvrir un dernier jeu. Mais que la route est longue pour en arriver là !
Voici donc enfin un jeu qui concerne internet, qui se déroule dans le cadre d’internet, qui propose de vivre et de connaître internet, en en explorant les multiples facettes et en essayant d’en maîtriser le fonctionnement. Le projet a donc d’abord une dimension réaliste, reprenant de façon rigoureuse les éléments les plus significatifs du réseau des réseaux, du haker qu’il faut débusquer aux virus qu’il faut éviter, en passant par l’utilisation des outils que sont les moteurs de recherche ou les forums de discussion. La problématique globale qui est proposée est celle de l’information, qu’il s’agit de chercher mais aussi de traiter, ce qui n’est pas plus facile ici que dans l’internet réel. Au fil de la progression, on pourra ainsi faire des achats sur des sites commerciaux ou devenir un passionné de jeu de hasard dans un casino virtuel. Mais le jeu renvoie aussi à un monde onirique, le Dream World Web, peuplé d’êtres étranges, les Vazzies, caractérisés par leur amour des caramels au chocolat. C’est ce mélange subtil qui fait tout l’intérêt de ce titre qui saura surprendre plus d’un joueur, par sa richesse et sa diversité. Du moins ceux qui seront assez persévérants pour ne pas abandonner lorsqu’on est en situation de ne plus comprendre ou, ce qui revient au même, d’être noyé sous la masse des données. Car les procédures du jeu lui-même ne sont pas toujours accessibles aussi simplement qu’il y paraît au premier abord. Jouer vraiment se mérite et le véritable plaisir ne peut venir qu’après un temps d’apprentissage qui sera d’autant plus long qu’on sera moins assidu. Bref comme Internet lui-même, ce jeu peut provoquer des insomnies et créer des accros. Son ultime message serait alors qu’il faut savoir arrêter à temps.

Jean-Pierre Carrier

Mise en ligne le 2 mai 2006

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