S’adressant aux plus grands (5-10 ans dit l’éditeur, mais avant 7, ou même 8 ans l’enfant éprouvera sans doute beaucoup de difficulté), ce titre présente l’originalité par rapport aux autres publications de la collection J’ai trouvé de Gallimard multimédia de reposer sur un scénario plongeant l’utilisateur dans une aventure globale ce qui a en outre l’avantage de créer une unité non seulement au niveau des décors des différents écrans mais aussi quant aux énigmes qu’ils proposent.
Pénétrant dès le début du jeu dans le château, il ne sera possible d’en sortir qu’après avoir résolu la totalité des énigmes, ce qui implique d’explorer chaque pièce et de s’armer de la plus grande patience et de beaucoup de persévérance ! Car si les énigmes proposées restent du même type que dans l’ensemble de la collection - il s’agit de cliquer sue les éléments du décor que la consigne désigne - la difficulté a considérablement augmenté. D’abord parce que les éléments à découvrir sont ici plus nombreux, différents les uns des autres et surtout beaucoup moins évidents à repérer visuellement. Dans beaucoup de cas un simple coup d’œil ne suffit nullement et la pratique du clic systématique se révèle très vite ennuyeuse et pratiquement toujours inefficace. Certes il est toujours possible de trouver quelques réponses par hasard, par un clic chanceux. Mais cela n’est véritablement que l’exception. L’utilisateur comprendra vite alors qu’il vaut mieux essayer de réfléchir, ou plus exactement d’observer en réfléchissant. Les objets à trouver sont désignés explicitement dans la consigne, mais l’emplacement qui est le leur dans le tableau est souvent assez ingénieux et peut correspondre à de petites astuces pas toujours faciles à percer. Le danger est donc plutôt que l’enfant renonce au bout d’une exploration infructueuse qui paraîtra alors bien longue. Dans certains cas, la réussite nécessite même un véritable acharnement, car l’on peut bien avoir l’impression d’avoir cliqué sur la totalité de l’écran sans avoir en fait découvert le point précis qui donne la réussite. Le programme propose d’ailleurs des variations ingénieuses dans l’utilisation du curseur, comme cette image très sombre du grenier où le déplacement de la souris permet seulement d’en éclairer une fraction, identique au spot d’une lampe. Bref disposer de toutes les pièces du puzzle qui, une fois réalisé, permettra de gagner le droit de sortir du château, demandera pas mal d’efforts, ce qui garanti au programme une belle longévité.
Deux écrans proposent en outre deux activités hors aventure, qui ne permettent donc pas de gagner des pièces du puzzle et dans lesquels il sera toujours possible de revenir. Dans le premier il s’agit de constituer sur un tableau une collection d’objets appartenant à une même famille. Son intérêt est qu’il faut d’abord découvrir quelle est cette famille, et puisque l’enjeu est de mettre le moins de temps possible pour réaliser la tâche, celle-ci constitue une très pertinente stimulation de l’agilité de la pensée. Dans le second écran il s’agit d’opérer des associations d’objets par paires. La logique de cette association répondant à un principe de variation, elle est chaque fois indiquée par la réalisation par le programme d’un exemple qu’il faut donc être capable de comprendre rapidement pour pouvoir réussir dans la suite de la tâche. Le niveau trois de difficulté n’est vraiment accessible qu’aux plus grands, ce qui souligne bien d’ailleurs la pertinence de la tâche choisie et des modalités de résolution que le programme implique.
Avec ce Manoir hanté la collection J’ai trouvé présente son titre le plus abouti, tant au niveau de la qualité graphique des écrans que de la portée formatrice des activités proposées. On regrettera simplement que les 26 énigmes qui le constituent soient toutes de même nature. C’est quand même pousser un peu loin la recherche d’unité du programme.
Jean-Pierre Carrier