Regard critique sur des contenus plurimédias >> Cédéroms

Justine et l’île aux fruits rouges
Jean Pierre Carrier

Emme

Justine est une petite souris des plus sympathiques, comme on n’en voit que dans les livres d’enfants, mais aussi de plus en plus dans le multimédia qui s’adresse aux tout-petits. Sympathique, mais aussi courageuse et avisée, ce qui lui donne tous les atouts du parfait héros du jeu d’aventure : ne pas avoir peur du danger mais ne pas l’aborder sans réfléchir.
Cette adaptation relativement libre des albums de Marcus Pfister par l’équipe à qui on doit déjà la série des Arc-en-ciel, joue donc d’abord sur une caractérisation très précise des personnages qu’elle met en scène. Mais ce n’est pas là son seul intérêt. Les actions qui composent l’aventure sont elles aussi très précises et s’enchaînent avec une grande rigueur : pour partir en mer il faut d’abord construire une embarcation, ce qui implique de réunir les matériau nécessaire. Enfin, on soulignera aussi que l’aventure que vont vivre les personnages n’a rien de gratuite, puisqu’il s’agit de partir sur les traces de ses ancêtres et ainsi de retrouver quelque chose de ses racines !
Evidemment, les enfants de 4 à 8 ans à qui s’adresse le jeu (même s’il y a deux niveaux de difficulté) risquent fort de ne pas être très sensibles à ces éléments, surtout au dernier. Par contre ils apprécieront sûrement la richesse graphique des décors et la facilité de la navigation. A chaque situation de choix proposée, il n’y a que très peu de solutions possibles et elles sont toujours clairement indiquées par le programme de plusieurs façons, au niveau visuel par des flèches, au niveau sonore dans le dialogue, sans oublier la transformation du curseur de la souris (une coccinelle qui alors ouvre ses ailes comme pour s’envoler). Lorsque l’on constate enfin qu’il est aussi proposé à l’enfant une carte des différents lieux de l’aventure, ce qui permet de s’y rendre alors par un seul clic, on peut être rassuré : l’enfant même tout petit ne risque guère de se perdre dans ces espaces virtuels. Ce qui est ainsi perdu au niveau de l’exigence de construction mentale de repères spatiaux pour les plus grands est en contrepartie gagné en accessibilité pour les plus petits, ce qui peut même laisser supposer que ce jeu peut être proposé avant quatre ans, à condition que l’adulte soit présent pour le cas échéant proposer quelques aides dans la réalisation de certains jeux.

Au fur et à mesure du déroulement de l’aventure, l’enfant doit donc effectuer des tâches bien précises directement dépendantes du contexte dans lequel s’inscrit la mission à réaliser. Ces tâches sont-elles des jeux ? Bien sûr, elles sont présentées d’une façon plaisante, mais elles demandent incontestablement de la concentration et ne pourront, surtout dans le niveau le plus difficile, être menées à terme que si l’enfant persévère et ne se décourage pas au bout de plusieurs échecs toujours possible. Notons à ce niveau une situation de stimulation de l’attention auditive originale et très pertinente : il s’agit de découvrir des animaux dont on entend le cri, celui-ci étant de plus en plus fort et distinct au fur et la mesure que le curseur de la souris se rapproche de l’emplacement où il se trouve. L’atelier musical nous a paru par contre plus banal et donc moins stimulant pour l’enfant, même si le nom et les sonorités des instruments n’ont rien de courant. Beaucoup de ces activités demandent également une grande habileté dans le maniement de la souris. L’enfant y apprendra sûrement à cliquer au bon endroit et au bon moment, ce qui après tout est loin d’être négligeable lorsque l’on voit les difficultés que peuvent avoir certains adultes à ce niveau.

Dernière caractéristique originale de ce programme, et non des moindres, la dimension humaniste et pourrait-on dire citoyenne donnée au déroulement de l’aventure. l’enfant a en effet souvent le choix entre deux types de comportement L’un est très nettement égoïste et même malveillant envers autrui. Il est proposé par un des compagnons de Justine, Zac le lanceur de cailloux, qui propose toujours des solutions expéditives n’hésitant pas à avoir recours à la violence. Aller dans son sens conduira toujours à l’échec de la mission, l’enfant étant ainsi très nettement orienté vers la solution de la sagesse proposée par Justine. Ce jeu réussit ainsi à concrétiser et à mettre à la portée d’enfants très jeunes des notions aussi fondamentales que la tolérance et le respect mutuel. Un beau succès à mettre au crédit du multimédia éducatif !

Jean-Pierre Carrier

Mise en ligne le 2 mai 2006
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