Les 25 et 26 avril derniers, se sont tenues des journées d’études, « Enfance en ligne, la parentalité à l’ère du numérique » organisées par l’Unaf, le Ciem, Microsoft et Le Défenseur des enfants.
Dans un contexte marqué par la mise en place de nouveaux dispositifs gratuits de protection de l’enfance, et systématiquementproposés par les opérateurs, sur internet et les téléphones portables, la participation des Ceméa à la table ronde « Parentalité et internet, regards croisés » a permis de réaffirmer l’engagement des associations et mouvements pédagogiques dans le rapport de force entre enjeux éducatifs et enjeux économiques ou industriels et notre volonté de peser sur les décisions politiques liées aux usages du numérique et des médias, en introduisant à côté de la dimension « prévention » celle de l’éducation.
Si des initiatives sont prises pour améliorer les outils d’accompagnement à la disposition des familles, on se souvient que pendant plusieurs années, le seul message délivré par les industriels consistait à dire : « Equipez-vous, équipez-vous, se plonger dans l’univers de l’internet favorisera la connaissance et la réussite scolaire de vos enfants ». Le discours a bien changé aujourd’hui et s’est presque inversé : il s’agit de se demander à quoi ces outils peuvent servir avant de les acquérir.
Cela ne suffit pas. La réponse massive réside, à notre avis, dans l’éducation et la responsabilisation des enfants et des adolescents. L’école et les parents ont un rôle à jouer. Les lieux d’éducation non formelle notamment dans les temps de loisirs collectifs également. D’autant plus qu’il est clair que les familles les plus démunies, risquent de ne pas être sensibilisées par les initiatives de prévention et d’information qui sont prises. Des écarts pourraient ainsi encore se creuser. Certains estiment à tort, que la fracture numérique se résorbe...
Quand on parle de protection de l’enfance par rapport aux écrans, il ne faut également pas oublier que la publicité constitue la première forme d’agression contre les enfants de moins de six ou sept ans, car à cet âge, les enfants ne font pas la distinction entre les différents types de messages. Mais cette donnée éducative se heurte à des enjeux économiques considérables et complexes. En Suède, les écrans publicitaires sont interdits dans les plages horaires fréquentées par les enfants. Pour ne pas fragiliser les productions de qualité, il est nécessaire de poser la question des aides publiques aux programmes pour enfants, à la télévision, comme sur Internet.
L’enjeu de l’influence des contenus médiatiques, particulièrement en concurrence avec les lieux éducatifs et culturels « traditionnels » et de l’influence des valeurs transmises aux enfants et aux adolescents, est si important dans notre univers de la marchandise, que tous les acteurs publics et associatifs doivent être mobilisés sur les choix de société qui y sont induits.
Bertrand Chavaroche et Christian Gautellier