Découverte.

Avant d’avoir le net, je n’avais vu qu’un jour un article sur un magazine féminin : ’Créez votre blog gratuit : nouveau phénomène de journal intime, en ligne et accessible à tous.’ Intriguée que j’étais je trouvais le concept plutôt sympa, derrière un ’pseudo’ se servir de cet espace pour y laisser une trace de soi, lisible par tous, et avec la possibilité de recevoir des commentaires, pour être amenée à comprendre certaines choses de ma vie. Etant mère de deux jeunes enfants au moment où j’ai eu internet, cela m’a presque instinctivement amenée sur une plateforme blog consacrée aux enfants : les Magic-blogs, sur le site Magicmamans. Je m’inscris... Je jauge... Je regarde la modularité... Quitte à avoir un endroit à moi, autant qu’il me ressemble, et que je ne sois pas bridée par les limites de la page. Déjà, je regarde les pages qui sont mises à jour, je vois bien que l’on peut faire pas mal de choses. Je dépose alors mon premier article en ligne... Je me sentais excitée de cette approche si rapide. Une photo, une note, et me voilà lancée. J’ai noué des liens très forts sur cette plateforme de blogging, nous étions 8 ou 9 mamans novices en informatique, à découvrir ensemble le html, la retouche photo, la mise en ligne de vidéo (avant les utilitaires comme Youtube), découvrant par là même Msn et sa facilité de rapport avec l’autre. J’ai passé un an, un an à mettre des notes uniquement basées sur mes enfants, très rarement sur moi. Ce qui a fini par me frustrer... Je me sentais enfermée, contrairement à l’idée que je me faisais du blog à l’origine. L’image renvoyée était celle de la mère parfaite, des enfants parfaits... Pas du tout le reflet d’une vie quotidienne comme je le voulais. J’écrivais plus en fonction du lectorat qu’en fonction de mes envies... J’ai donc un jour décidé de ’migrer’. Beaucoup de blogueurs sont amenés un jour à ’migrer’ vers un espace qui leur correspond plus... Je suis arrivée, toute nouvelle et pleine d’inspiration, sur Canalblog.

Pourquoi.

Là, la question du blog, du blog pour moi, s’est posée. L’écriture a toujours été pour moi la possibilité de remonter la pente grâce aux mots. J’étais une ado très prolifique, j’ai toujours énormément écrit, je souhaitais d’ailleurs me tourner vers les Lettres en général... Mais la vie a fait que j’ai tout abandonné au profit de ma vie de mère. Le point a vite été fait : sur ce nouveau blog, je mettrai surtout mes pensées, mes textes, et ma façon de voir les choses, peu importe l’avis de celui ou celle qui lira, j’avais envie de pouvoir m’exprimer tout simplement, sans retenue. Au départ, j’ai réexpérimenté le texte libre, à savoir écrire le fond de ma pensée. ça m’a fait un bien fou... Mes ’copinautes’ ont découvert qui j’étais réellement, je me redécouvrais, je me sentais légère face à mes articles. Les sujets ont le droit d’être tristes ou gais, je n’ai pas à me justifier. L’espace de liberté par excellence. La possibilité de parler franchement, ou de parler à demi mots. Bref, de me lâcher. J’ai gardé contact avec d’anciennes blogueuses de magic mamans, j’ai continué, par le biais des liens de untel ou une telle de découvrir encore et encore d’autres espaces. L’échange, je le trouve, pas forcément en échangeant des commentaires, mais surtout en finissant par discuter avec les gens sur Msn. J’ai rencontré pas mal de monde grâce aux blogs, je me suis en quelque sorte réouverte au monde. La disparité est telle que ce soient des hommes ou des femmes, je trouve vraiment un intérêt en chacun. J’ai un peu plus de mal à m’attarder sur les blogs typiquement ado... Trop flashy, trop de ’glitters’ et autres ’gifs’ animés... En tout cas, pour le peu que j’en ai vu.

Catharsis.

Ce que m’a apporté le blog, en particulier, c’est cette fonction de catharsis, ce relâchement complet qui permet de se vider l’esprit. J’utilise un éditeur de page web, pour la mise en page et la mise en couleur, qui exprime généralement autant que le texte du jour. Je prends un soin tout particulier à ça, parce que j’ai envie de mettre mes mots de façon vraiment unique chaque fois ou presque. J’utilise aussi la symbolique de la photo, qui en général est en fonction de l’article. Certains n’y verront pas de sens, mais pour moi il y en a un, et celui ci est important. L’avantage est surtout donc thérapeutique, puisque je peux exprimer là des choses que je ne dirai jamais de vive voix. Mes parents ont eux même découvert une nouvelle facette de ma personnalité, au delà de la fille un peu fofolle qui me caractérisait, ils me voient avec réflexion, avec tellement de questions et si peu de réponse. ça a été l’occasion de discussions sérieuses et constructives. Bref, une thérapie dans le bon sens. Ce que le blog nous apprend, ou en tout cas m’a appris, c’est que le fait de pouvoir se lâcher, de pouvoir écrire comme on l’entend, de ’pouvoir’ tout simplement est une arme formidable contre la morosité et le sentiment d’isolement. "Je laisse une trace, j’existe."

Avenir.

Toujours plus en avant dans la découverte de la vie de blogueuse, je peux parler donc de tout et de rien, et j’en suis venue à expérimenter Myspace, qui est un support vraiment top pour l’échange musical. Là, j’y vais surtout pour la découverte de nouveaux talents, pour ce ’cercle d’amis’ virtuels, grisant par tant de noms connus. Il y a la partie Blog, qui ne me sert qu’à déposer ce que je retiens de bien et ce que j’apprécie question musique... Bref, j’utilise l’endroit pour me ’rappeler’ mes coups de cœur. Ce blog a donc une autre fonction, que j’ai caractérisé par le fond d’ailleurs : ’Je lis, j’écoute ; je découvre, je partage.’ Un espace pour le partage, moins centré sur moi. Plus ouvert. Moins intimiste.

Suite.

Y a t’il vraiment un cantonnement dans le style ou la fonction ? Je ne pense pas vu l’expérience que j’ai pu faire jusqu’à présent. Je me demande juste parfois si dans 10 ans le mouvement sera toujours aussi suivi... Et si je dois tout sauvegarder aussi de mon côté pour éviter de perdre mes notes un jour... Parce qu’en même temps, ces petites traces que l’on laisse, on s’y attache, on les aime, on les chérit. On habille son blog, on le rend agréable pour soi et pour l’"autre". En somme, j’ai cherché à donné une ’image’ de ma vie, qui tient en ces quelques pages. Je me suis déjà posé la question de la suite logique du blog écrit. J’ai pensé à en faire un outil accessible à tous, en mettant par exemple mes textes lus et enregistrés à la suite des textes écrits... Un défi personnel ? Peut être... A suivre !

Amélie Verdonck, 26 ans, téléprospectrice.