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LES RENCONTRES DU CIEM INTERVENTION : Bernard STIEGLER (14 MAI 2008)

Comme le précise ensuite Elisabeth Baton-Hervé : philosophe, écrivain, Bernard Stiegler est docteur de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHSS) et directeur du développement culturel du Centre Georges Pompidou.
Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont : Prendre soin de la jeunesse et des générations (Flammarion 2008) ; La Télécratie contre la démocratie - lettre aux représentants politiques (Flammarion 2006) ; Réenchantez le monde - La Valeur esprit contre le populisme industriel avec Ars Industrialis (éd. Flammarion 2006) ; Mécréance et discrédit en trois tomes : « La décadence des démocraties industrielles » (novembre 2004) « Les Sociétés incontrôlables d’individus désaffectés » (2006) et « L’esprit perdu du capitalisme » (2006) ; Aimer, S’Aimer, Nous Aimer. Du 11 septembre au 21 avril (octobre 2003).

Au nom des membres du CIEM, Eric Favey salue et remercie Bernard Stiegler.

Merci de l’invitation qui m’honore et me fait très plaisir.

Je suis à l’origine de la création d’une association qui s’appelle Ars Industrialis, elle existe depuis maintenant 3 ans. Nous développons l’idée que les technologies peuvent produire parfois ce qu’on pourrait appeler du populisme industriel, c’est-à-dire une évolution des médias qui s’est mise en place au XXe s. et qui a complètement dérapé vers l’exploitation des pulsions des individus.

On fonctionne de manière pulsionnelle, partout, dans le monde entier et pratiquement dans tous les médias (audiovisuel, presse, etc..)

Avec Ars Industrialis, nous pensons que cela est un état de fait évident et malheureusement massif mais que c’est avec les technologies qui existent et qui produisent cela que l’on peut renverser la situation, et non pas du tout en s’opposant aux nouvelles technologies, parce que de toute façon les nouvelles technologies vont se développer, massivement, encore plus vite.

La télévision, la presse, le livre, Internet, sont des technologies au service de l’esprit, pour le développement de l’esprit mais actuellement elles fonctionnent contre le développement de l’esprit. Ces technologies doivent amener un nouvel âge de l’esprit ; telle est la vocation d’Ars Industralis, association internationale pour une politique industrielle des technologies de l’esprit.

Je vous propose de travailler en plusieurs étapes :

- Je parlerai d’abord de la télévision. La télévision est le média qui a déclenché quelque chose de tout à fait nouveau dans l’histoire de l’humanité. Pour avoir travaillé à l’INA sur l’évolution technologique de la télévision, je connais bien le sujet.

- J’essaierai ensuite de dire pourquoi aujourd’hui la télévision est entrée structurellement en conflit avec les institutions d’éducation, ce que j’appelle les institutions de programme, particulièrement l’école, mais aussi la famille qui est une forme d’institution scellée par un contrat, une base civile, face à un maire, éventuellement face à un officiant religieux, etc. La famille et la filiation ne sont pas des données biologiques.

Je crois que la télévision, et non seulement elle, est entrée frontalement en conflit avec les institutions. Je suis en mesure de dire pourquoi les industries de programme (c’est ainsi qu’on les appelle) sont en conflit avec les institutions de programme. C’est le plus gros problème.

Ensuite, j’essaierai de développer quelques points de vues plus philosophiques en passant par l’histoire de la Grèce ancienne où des problèmes semblables se sont présentés. Évidemment pas tout à fait de même nature ; il n’y avait pas une industrie de programme, en revanche, il y avait une technique de captation de l’attention que dénonce Platon chez les Sophistes.

Platon dénonce les Sophistes en disant : « Les Sophistes captent l’attention des jeunes athéniens et ils détruisent leur capacité de à penser par eux-mêmes ». La philosophie s’est constituée contre les médias de l’époque. C’est très important. Comment s’est-elle constituée contre les médias ? En développant une autre philosophie des médias. Platon a beaucoup écrit et créé une Académie où on enseignait les techniques des Sophistes. Aristote, par exemple, enseignait la sophistique dans l’Académie de Platon, alors même que Platon dénonçait la sophistique. Aristote écrivit plus tard Les Analytiques, ouvrages de logiques qui reposent sur une analyse des problème soulevés par la sophistique.

Nos médias modernes sont porteurs d’éléments de rupture qui peuvent être des bases d’une nouvelle politique – je vais les appeler les technologies de l’esprit – et qui pourraient « renverser la vapeur ». Ces technologies de l’esprit, pratiquons-les comme les philosophes grecs l’ont fait contre les Sophistes.

Qu’est-ce que la télévision ? Si nous voulions être précis, il faudrait d’abord distinguer les télévisions française, anglaise, américaine, soviétique, etc.
Il y a une période où la télévision se cherche : par exemple, la télévision française des années 50-60 est liée à l’histoire gaullienne, une période tout à fait atypique. La situation française se régularise, se standardise dans les années 1970 avec Valéry Giscard d’Estaing et surtout dans les années 1980 avec François Mitterrand. A partir des années 1980, la France devient un espace médiatique audiovisuel comme partout dans le monde, c’est-à-dire financé par la publicité (c’était déjà le cas depuis les années 1970 mais elle restait publique : c’était la publicité qui allait vers le service public), la télévision se révèle ce qu’elle est en vérité fonctionnellement dans le système économique capitaliste et industriel du XXe s., à savoir le bras armé du marketing.

La télévision est ce qui sert, comme les industries culturelles en général, mais beaucoup plus fortement, à faire adopter des comportements de consommation correspondants aux besoins des marchés.

Ça n’a pas été le cas dans les années 1970, par exemple, lorsque l’INA a été fondé, au moment où l’éclatement de l’ORTF a donné la création d’un service public plus ou moins autonome, il y avait encore réellement, du côté du monde professionnel de l’audiovisuel, une véritable volonté d’assumer ces missions-là.

La télévision et la radio sont des « industries de programmes ». Pourquoi de programmes ? Parce que ce sont des industries qui ont des grilles de programme ; à la télé il y a des rendez-vous horaires et des plages horaires définissant des formats de programmes, des cibles et des tarifs publicitaires.

Très longtemps les téléspectateurs ont cru (maintenant ils commencent à ne plus trop le croire) qu’ils étaient les clients de la télévision. Ils découvrent à présent que les téléspectateurs sont de la marchandise avant tout. Mais le programme n’est pas du tout une marchandise, le programme est un piège pour attraper l’argent et les clients, ce ne sont ni les citoyens, ni le téléspectateur, ni l’Etat qui réglementent tout cela, ce sont des annonceurs et les actionnaires. C’est ainsi qu’est organisée l’économie consumériste .

Il ne faudrait jamais oublier qu’en 1950, la télévision représentait 0,2 % de taux d’équipement par ménage, 13% en 1960 , 70% en 1990 et 98% en 1996. Elle a donc rapidement pénétré la société française et elle a totalement bouleversé la vie des Français, et pas seulement des Français, mais de la planète entière.

C’est un bouleversement absolu, d’abord parce qu’elle a remplacé ce qu’on appelle la « calendarité ». Une société est basée sur des rendez-vous. Par exemple, le dimanche est le jour du rendez-vous par excellence pour une société chrétienne. Des rendez-vous de ce type il y en a de toute sorte : Noël est un rendez-vous, les Jeux Olympiques sont le grand rendez-vous pour les Grecs. Les repas sont aussi des rendez-vous et parfois des moments de prière.

Les grandes fêtes sont annuelles depuis qu’on a inventé le calendrier, depuis les Egyptiens. Ce sont les Egyptiens qui ont les premiers calculé qu’il y avait 365 jours par an. Ces rendez-vous ensuite se sont affinés avec des portions lunaires, le découpage du mois qui est un cycle de la lune, ils sont devenus hebdomadaires, semaine structurée par des rendez-vous qui ont aussi structuré un repos, etc. Ces repos sont très importants parce que ce sont des moments de rassemblement qui construisent le lien social. Notons ici qu’en 1939, 55% des Français n’ont ni téléphone, ni radio, ni télévision, ni journaux et que leurs seuls rendez-vous collectifs communs sont la messe et l’école.

L’école, qui apparaît au XXe s. comme obligatoire et gratuite, constitue une nouvelle calendéité révolutionnaire qui bouleversera la société française.

La télévision va capter la calendarité, la restructurer en s’appuyant les journaux de programmes : Télérama, TéléSept jours, etc. et va inventer le concept d’audience. L’audience étant, à la différence du public, quelque chose qui se vend, qui se mesure, elle est qualifiée, elle est découpée en segments, en niches, et elle a une valeur marchande extrêmement élevée, c’est même aujourd’hui, corrélée à ce que l’on appelle la life time value, la valeur marchande la plus recherchée.

La fabrication de l’audience est mise en place au cours des dernières décennies. Les captations d’audience ont commencé avec la radio en 1920 et elles ont explosé après la Deuxième Guerre mondiale, en particulier pendant les Trente glorieuses et avec la télévision.

Pour lutter contre la surproduction qui menace, en 1948 un économiste américain dit : on a 40 % d’excédents de production, si nous ne faisons pas quelque chose très rapidement pour écouler cet excédent de production, on recommence 1929. Pourquoi ? Parce que la machine de guerre américaine a développé une production industrielle très efficace et dès que le contexte est changé, les produits ne s’écoulent plus. Il faut donc mettre en place des nouvelles techniques de captation de l’attention des individus qui deviennent des consommateurs.

C’est à cette époque que se développent les premiers concepts qui vont donner ce qu’on appellera plus tard la publicité, le marketing, c’est-à-dire les grands concepts qui gouvernent le monde, car c’est bien le marketing qui gouverne le monde.

Cela a commencé dans les années 1920 à 40 et a été repensé après la Deuxième Guerre mondiale pour faire un marketing scientifique utilisant pleinement les médias audiovisuels, car eux seuls ont la capacité de capter pleinement et massivement l’attention de manière. Il est possible de capter l’attention des individus d’une manière incommensurablement plus efficace avec un film ou avec une émission de télévision qu’avec un livre ou qu’avec un récit. Il en va ainsi parce que les programmes audiovisuels sont des objets temporels industriels.

L’objet temporel, c’est ce que je suis en train de faire - cela fait déjà 20 minutes que je parle, le temps de mon discours essaie de retenir le temps de votre attention. Si vous voulez m’écouter, vous devez laisser passer ce que j’ai dit juste avant. Puis, pour que ce que je viens de dire fasse sens, il faut que vous l’agenciez avec ce qui vient d’être dit. Vous êtes donc pris dans mon discours. S’il est bon, il va capter votre attention. Sinon, il va vous ennuyer.

Les spécialistes de l’audiovisuel, les cinéastes, les metteurs en scène de théâtre aussi et les gens de la télévision ont mis au point des techniques de captation de l’attention très agressives.

Vous vous en êtes aperçu sur vous-même : vous rentrez dans un bistrot ou dans un lieu public, une télévision est allumée. Ce qui s’y passe vous paraît la plupart du temps terriblement médiocre mais vous la regardez quand même. Votre attention est attirée par l’image.
C’est ce qui fait de la télévision, en particulier, une arme absolument redoutable pour la captation de l’attention.

Pourquoi faut-il capter l’attention ? Parce qu’il faut capter la libido des consommateurs. La télévision canalise la libido des téléspectateurs vers des produits de consommation et par conséquent, elle détruit certains circuits de construction de la libido. Toute société repose sur la captation de l’attention, le problème c’est qu’il y a des façons toxiques de capter l’attention. L’attention signifie deux choses très différentes mais inséparables, à savoir : la capacité psychique de concentration, et la capacité sociale d’être attentionné aux autres donc la civilité. L’attention signifie ces deux choses là. Éduquer un enfant c’est former son attention, on le forme à ces deux dimensions de l’attention.

Toutes les sociétés captent l’attention, mais les sociétés industrielles qui captent l’attention la détruisent en la captant : telle est ma thèse.

Selon une étude conduite par Frédéric Zimmerman, Dimitri Christakis et Meltzoff (2007), il ressort que l’exposition des bébés entre un et trois ans aux programmes de télévision augmente le risque de déficit attentionnel. Quand un bébé vient au monde, un processus synaptogénétique se produit dans son cerveau. Son cerveau a énormément de circuits déjà préconstitués et l’apprentissage commence d’abord par supprimer des circuits pour en former d’autres. Or, ceux qui se produisent avant cinq ans sont indélébiles, c’est d’ailleurs l’explication neurologique de ce que Freud disait déjà dans les années 1920, à savoir que l’identification primaire est indélébile : tout ce qui est transmis avant 5 ans est inscrit dans l’inconscient et conditionne notre comportement. C’est pourquoi on a pu soutenir aux Etats-Unis que, pour capter l’attention d’un consommateur, il fallait commencer à s’adresser à lui avant 5 ans. Et, c’est comme cela qu’ont été développées les technologies nouvelles, conduisant aux chaînes pour bébés, que Fox Tv a cherché à importer en France l’année dernière avec Baby first. C’est extrêmement grave parce que cela rend impossible d’autres connexions synaptiques.

Aux Etats-Unis, dès l’âge de trois mois, 40% des bébés regardent régulièrement la télévision, des DVD ou des enregistrements vidéo. La proportion passe à 90% à partir de deux ans.

Aujourd’hui, l’audiovisuel, se développe essentiellement en vue de créer ce que j’appelle des courts-circuits dans la transindividuation

Il faut aussi savoir qu’une grande révolution de la captation de l’attention s’est produite au xixe s.e siècle, c’est l’école publique.

Quand Jules Ferry, en s’adressant à la Nation en majorité paysanne, dit : A partir de maintenant vos enfants entre 5 ans et 14 ans iront à l’école 6 heures par jour et 5 jours par semaine, il décide que l’État imposerait une captation d’attention non plus simplement à la famille, mais il se lance dans une lutte contre le pouvoir spirituel de l’église. Il impose cette captation de l’attention pour intérioriser par toute la nation une technologie de protection de l’attention, cette technologie s’appelle l’écriture.

Cette écriture alphabétique, reprenant des considérations qui viennent de Condorcet, de Kant et d’un certain nombre d’autres, est la condition d’acquisition de la majorité - la majorité signifiant la capacité de penser par soi-même - c’est-à-dire de pouvoir critiquer le savoir reçu mais aussi d’acquérir le savoir.

C’est, en fait, la traduction de ce que déjà Platon 2500 ans avant Jules Ferry avait mis en œuvre dans son programme. Cela veut dire qu’à l’époque des Grecs, au Ve s. avant JC se produit une grande crise liée à l’impérialisme d’Athènes qui d’ailleurs conduira à celui d’Alexandre. Grande crise qui éclate plus de deux siècles après l’alphabétisation de la Grèce. Au VIIe s. avant JC, avec Thalès, Solon, avec les Sept Sages, ceux qui fonderont la cité grecque, quelque chose de nouveau se produit : la société reposera sur le partage de l’écriture. Cet enseignement de l’écriture, qui va se répandre dès le VIIe s., finira par s’imposer. Pourquoi ? Parce que pour pouvoir voter, il faut savoir lire.

Au VIe s., dans les cités des Grecs, à Athènes en particulier ou à Spartes, sur toutes les portes des cités, vous avez des stèles de marbres où sont gravées les décisions de la Boulé (sorte de conseil, de chambre délibérative) que tous les citoyens doivent savoir lire et non seulement savoir lire mais savoir écrire. c’est-à-dire qu’est citoyen celui qui peut venir sur l’agora et dire je veux changer cette loi - C’est à dire que le citoyen est celui qui est associé étroitement à l’évolution de la cité..
A l’époque des Présocratiques, qui sont des législateurs, des idéologues qui tiennent des discours sur « ce qui est », concepteurs d’une nouvelle démocratie, se développe le pouvoir du grammatistès. Le grammatistès est celui qui enseigne les lettres. Le grammatistès est autrement dit l’instituteur. Cet instituteur devient une figure très importante dans la Grèce ancienne. Il se fait payer. Certains de ces instituteurs s’aperçoivent qu’ils ont un pouvoir sur les esprits. Ils découvrent ainsi les possibilités, par le contrôle textuel du langage, de mettre en place des techniques de captation de la pensée, comme la rhétorique, et généralement toutes les techniques de l’éristique. Et d’un seul coup, ils enseigneront des possibilités de manipuler l’opinion : non pas simplement de faire acquérir à l’opinion la possibilité de se critiquer elle-même, d’acquérir une intelligence d’elle-même, ce qu’on appellerait acquérir une conscience de soi, mais de manipuler une conscience. Les Sophistes disaient qu’un bon sophiste doit pouvoir développer un point de vue et son contraire : ce qui compte, ça n’est pas le point de vue défendu mais l’efficacité avec laquelle on arrive à convaincre. Voila le début de la catastrophe : la naissance de la démagogie.

C’est là qu’intervient Socrate qui s’opposera à ces pratiques sophistiques. Il dira : Vous, les sophistes, vous utilisez la technique de l’écriture non pas pour augmenter la capacité de réflexion des individus mais pour manipuler et empêcher la capacité de réflexion des individus et donc vous êtes en train d’utiliser l’écriture comme un poison, ce qui se dit en grec pharmakon. Qu’est-ce qu’un pharmakon ? Un pharmakon désigne un remède aussi bien qu’un poison. Le pharmakon, c’est ici cette technique de captation de l’attention qui permet aussi bien de faire que cette attention se développera ou de faire que cette attention va s’étioler. L’argumentaire de Socrate c’est de dire : si, vous, Athéniens, allez voir les Sophistes, vous vous livrez à la captation de l’attention. Ils vous feront adopter des idées toutes faites, des clichés. Ils vous feront croire que vous pensez et vous feront adopter du prêt à penser. Or le prêt à penser est du « ne pas penser », le contraire même de la pensée.
Et c’est pour cela que Platon dira ensuite : Penser, c’est penser par soi-même, il n’existe de pensée que par soi-même, et c’est pourquoi Platon opposera à cette pratique des Sophistes qu’il appelle « hypomnésique », reposant sur une technique d’écriture qui manipule la foi de l’individu, une pratique « anamnésique » reposant sur le développement de la mémoire de l’individu et non pas de la manipulation parfaite de la mémoire.

Aujourd’hui, la télévision et Internet sont nos pharmaka - pharmaka étant le pluriel de pharmakon - et ils touchent presque 7 Md d’individus.

La télévision pose des problèmes tout à fait comparables à l’apparition de l’ écriture même si elle est très différente.

Qu’est-ce que l’audiovisuel quand on est consommateur ? En tant que pharmakon, l’audiovisuel à la différence de l’écriture induit une situation absolument spécifique, à savoir la possibilité de recevoir des énoncés audiovisuels sans jamais avoir appris à lire et à écrire.

Vous mettez une télévision dans une tribu qui n’a jamais vu de télévision, qui n’a jamais vu d’images, en l’espace de quelques jours, elle a acquis la pratique de l’image. Or, celle-ci repose sur un effet de croyance tout à fait singulier. Un anthropologue français, Ombredane, est allé en Afrique centrale, il a présenté un film dans une tribu qui n’avait jamais été mis en contact avec la civilisation occidentale. Dans un premier temps les gens de la tribu n’ont pas compris que c’était un film et ils ont essayé d’attraper les objets qui étaient dans l’image. C’est exactement la même chose qui s’est passée, boulevard Haussmann, lorsque pour la première fois, les Frères Lumière ont projeté L’Entrée en gare à la Ciotat, les gens ont cru que le train allait les écraser. Ils ont poussé des hurlements, ils ont eu très peur.

Nous avons encore ce phénomène aujourd’hui, nous croyons à l’image, lorsque nous allons voir un film d’épouvante, nous ne pouvons pas ne pas croire à ce que nous voyons.

L’audiovisuel a une capacité d’impressionner extrêmement puissance – par rapport à laquelle il faudrait évidemment développer une intelligence collective, basée sur de nouvelles pratiques sociales.

Les hypomnemata audiovisuels ont une capacité de pénétration sociale absolument foudroyante. Ils jouent cependant un rôle que jouait déjà la dissémination de l’écriture avec l’imprimé à l’époque de la colonisation. Lorsque les missionnaires de l’ordre des Jésuites sont partis en Amérique du Sud, en Asie, en Afrique, etc ; ils ont cherché à développer l’alphabétisation et en investissant d’ailleurs très positivement dans des écoles etc.. Le but était de faire lire les Evangiles aux adultes, et il fallait y passer du temps. Les missionnaires s’installent pendant des années, forment des instituteurs locaux etc. Ainsi l’Occident européen développe-t-il son influence mondiale.

En 1912, les Américains ont déjà compris que le développement du cinéma est une stratégie majeure pour conquérir les marchés nationaux et internationaux.

Les Européens n’ont toujours pas compris l’importance absolument stratégique d’avoir une politique des médias. Je me suis battu quand j’étais à l’INA pour essayer de susciter en Europe une politique audiovisuelle.

Je pense qu’il est très important de développer de nos jours une thérapeutique de la pharmacologie propres aux médias contemporains.

Le grand problème aujourd’hui, c’est l’addiction, pas simplement au niveau des enfants, mais au sein de toutes les familles, et pour la raison suivante : une télévision qui existe depuis trente ans, qui a ruiné tous les circuits de discussion intrafamiliaux - il n’y a plus de discussion entre les parents et les enfants, y compris ces engueulades indispensables à la vie familiale. La famille est une institution de conflits que parfois on fait réguler par le curé, l’instituteur, le grand-père ou le psychanalyste. A partir du moment où la télévision rend possible l’évacuation de cette verbalisation des difficultés, vous avez une explosion de la famille.

Donc la télévision sert finalement à court-circuiter les circuits normaux des relations intra familiales, à un moment donné elle devient quelque chose dont on est dépendant.

Il y a deux ans et demi Télérama a publié une enquête montrant que 56 % des téléspectateurs interrogés disaient qu’ils n’aimaient pas la télévision qu’ils regardaient. Les journalistes ont alors déclaré : des gens qui ont honte de regarder TF1 mais en réalité, ils aiment ça. C’est tout à fait faux. Je connais beaucoup de gens qui n’aiment réellement pas ce qu’ils regardent, mais qui regardent quand même.

Marc Valeur, le directeur de l’hôpital Marmottan, soigne des joueurs de jeu vidéo ainsi que d’autres addictions et il montre comment dans un système qui repose sur l’addiction, celui qui est devenu dépendant n’aime pas ce dont il dépend mais ne peut plus s’en passer.

Les gens n’aiment plus du tout la télévision qu’ils regardent mais ils ne peuvent plus s’en passer. Ils en sont devenus dépendants parce que, tout comme le cerveau du toxicomane n’est plus capable de produire des endorphines naturellement, ils ne sont plus capables de produire de la gestion de conflit naturellement. Donc ils la délèguent à la télévision. Le problème, c’est que la télévision, pendant ce temps, détruit les circuits d’identification primaire et d’identification secondaire.

Une bonne identification, qu’est-ce que c’est ? C’est une capacité narcissique qui est basée sur l’acquisition d’un sur-moi, c’est la reconnaissance de son père, de sa mère, d’une autorité et qui va permettre ensuite quand je reconnais mon père d’entrer en conflit avec lui en particulier au moment de l’adolescence. Pour pouvoir entrer en conflit avec mon père il faut d’abord que je l’aie reconnu comme père – mon père n’étant pas forcément mon père, mon père peut être mon oncle, il peut être celui qui m’a élevé car le père n’est pas génétique, c’est une figure symbolique – mais je ne peux pas rentrer en conflit avec lui tant que je ne l’ai pas reconnu.

Quand il n’y a pas de reconnaissance, on sait que cela peut donner de la psychose. Les phénomènes de psychose sont essentiellement liés à des phénomènes de non narcissisation de l’ego mais cette narcissisation de l’ego n’a pas lieu s’il n’y a pas d’identification primaire.

Qu’est-ce que produit la TV ? Elle produit des courts-circuits dans l’identification primaire. L’enfant qui n’obéit plus à ses parents, mais qui s’identifie à la télévision, les modèles sont reproduits par la télévision ; en conséquence il n’arrive plus à produire un espace symbolique, il n’arrive plus à symboliser, il n’arrive plus à avoir le sentiment d’exister dans le milieu symbolique, il va vers la psychose.

Tous les psychanalystes vous diront, qu’aujourd’hui on a de plus en plus à faire à des psychotiques, et de moins en moins à des névrotiques .
Le grand problème c’est le développement de la psychose et une psychose ordinaire, une psychose qui n’est pas la psychose du fou à lier qu’on mettait à l’hôpital au XIXe s.

La captation de l’attention par les médias détruit ces circuits d’identification. C’est une captation de l’attention qui est en train de détruire la libido.

Qu’est-ce que la libido ? La libido est une énergie de liaison, dit Freud.

Freud découvre après la guerre de 1914-18 que les êtres humains sont habités par des pulsions, ce qui s’appelle chez les animaux des instincts.
Ces pulsions, chez les êtres humains sont extraordinairement virulentes, et si elles ne sont pas liées par la libido, qui est une économie des pulsions intrinsèquement sociale, elles se traduise par le viol en tant que pulsion sexuelle, le meurtre en tant que pulsion de destruction, le suicide, elles donnent l’autodestruction, elles donnent le crime en général. La pulsion non liée par la libido donne le crime. Fourniret, dont on parle en ce moment, est un criminel, il n’a aucune liaison ou contrôle pulsionnel. Il n’a pas de sur-moi, il le dit lui-même.
L’acquisition du sur-moi est essentielle et c’est ce qui permet de lier les pulsions.

Le sur-moi n’est pas du tout une contrainte exercée contre la libido, c’est la condition de la libido. Freud dit : le sur-moi peut être porteur de pulsion, dans certains cas, il peut se pervertir, mais quand il fonctionne bien il va donner la sublimation.

L’énergie libidinale, qui a toujours à faire avec la sublimation, est une liaison d’énergies pulisionnelles et une liaison sociale ; c’est ce qui donne le lien social. La libido de Freud, c’est ce qu’Aristote appelait la philia. Selon lui, ce qui lie les relations entres les individus c’est la philia. Philein cela veut dire : aimer, et la philia est l’amour. C’est cet amour que Freud appelle la libido.

La captation de l’attention par les media de masse est ce qui a détruit cette libido : on en voit les effets depuis une quinzaine d’années, il n’y a plus de libido, il y a de la pulsion.

La télévision fonctionne en captant les pulsions ; quand il n’y a plus de libido, parce qu’elle l’a détruite en détruisant les processus d’identification et l’attention, elle s’adresse à la pulsion. Donc elle met en place Loft Story, toute sorte de dispositifs exhibitionnistes, elle met en place une programmation littéralement porno-graphique, toute sorte de mécanismes basés sur l’obscénité sous toutes ses formes qui ne se réduisent évidemment pas à la sexualité.

Ce n’est pas du tout une fatalité et je crois qu’on peut en renverser la logique et remettre en œuvre une individuation du tissu collectif qui reconstitue l’attention. Il faut le faire pour plusieurs raisons, d’abord parce que tout le monde souffre de cela, tout ceci est producteur à terme de désordre social extrême ; aux Etats-Unis c’est devenu une angoisse majeure.

Il y a d’autres raisons plus positives pour lesquelles les choses doivent changer, à savoir l’apparition des nouveaux médias. Les nouveaux médias peuvent aggraver la situation, créer des situations de dépendance encore bien plus grande et d’ailleurs la dépendance aux jeux vidéo est bien plus grande que la dépendance à la télévision. Il n’en demeure pas moins que sur ces nouveaux médias il se passe des choses extrêmement intéressantes. Certes s’y développe tout un ensemble de dispositifs porno-graphiques, exploitant tout ce qu’il y a de plus mimétique chez les enfants ; mais s’y développent aussi des choses beaucoup plus positives.

Ce sont en particulier des pratiques collaboratives très intéressantes qui se développent sur Internet. Internet à la différence de la télévision ne fonctionne pas sur un modèle de production / consommation. La télévision permet qu’on la regarde sans être capable de la produire, elle est un modèle parfaitement industriel, parce qu’il y a des producteurs professionnels et il y a des consommateurs qui ne savent absolument pas comment on produit. C’est l’application du modèle production-consommation issu de l’industrie. Sur Internet, le modèle production-consommation ne marche pas. Quand vous êtes sur Internet, vous n’êtes pas simplement un consommateur de messages, vous y mettez des choses, vous êtes dans une position de contribution. En plus, se développent sur Internet toutes sortes de pratiques nouvelles, des technologies collaboratives, des choses plus sophistiquées, plus complexes comme par exemple le logiciel libre.
Il s’y développe ce que j’appelle des coopératives de savoir. Quand je dirigeais l’IRCAM, j’ai beaucoup soutenu la politique de production de l’audiovisuel en logiciels libres. A l’IRCAM existe un forum d’Internautes, ils sont 200 à 300, qui viennent du monde entier, ce sont des développeurs de nos logiciels. Le modèle économique de l’IRCAM est d’apporter du service haut de gamme, les utilisateurs de ces logiciels sont aussi des développeurs du logiciel. Autrement dit, ils participent à l’évolution de ces logiciels.

Quand on enseigne la géométrie, on ne dit pas à l’enfant d’apprendre par cœur un théorème, on lui dit : tu dois toi-même le redémontrer. A l’école, on n’apprend pas simplement des choses par cœur, il faut aussi apprendre à re-parcourir le savoir, refaire tous les stades du savoir, ce qui est la production de ce que j’appelle un circuit de transindividuation.

Qu’est-ce qu’un circuit de transindividuation ? C’est l’histoire de l’humanité, c’est l’histoire d’un processus d’individuation, par exemple je vous parle de Socrate, tout le monde sait qui est Socrate, Jésus, Bouddha, ces personnages ont existé. Ils se sont individués, ils ont été de grandes individualités, qui se sont tellement individués qu’ils ont marqué d’autres individus. Ils se sont co-individués c’est-à-dire que d’autres se sont individués avec eux ; cela ne veut pas dire que les autres les ont imités ; ils se sont transformés eux-mêmes dans la fréquentation, ils ont intensifié l’individuation. L’individuation voulant dire la transformation de l’individu, son devenir.

Cela a donné une co-individuation et cette co-individuation a conduit à ce qu’on appelle une transindividuation, c’est-à-dire une métastabilisation de l’individuation collective.

Si vous voulez remettre en question la philosophie, c’est mon cas – et ce n’est qu’ainsi que l’on peut être un « philosophe » – il faut d’abord que vous vous soyez co-individué avec Platon et que vous ayez intériorisé la transindividuation produite par Platon. Être un philosophe, c’est intégrer et continuer cette transindividuation.

A l’école quand on vous apprend à lire, à compter, à faire de la géométrie, cela sert à vous transindividuer plus ou moins, peut être très peu, si vous faites juste l’école élémentaire, un peu plus si vous faites le cours supérieure, encore plus si vous faites le lycée, et beaucoup si vous faites une maîtrise ou une thèse de physique, là vous allez devenir un physicien. Vous allez vous inscrire ainsi de plus en plus profondément dans les circuits de la transindividuation.

Dans une société qui fonctionne normalement tout le monde participe de près ou de loin à la transindividuation. C’est-à-dire à la production du monde dans lequel il vit.

La société industrielle telle qu’elle s’est imposée aux XIXe s. et XXe s. en opposant les producteurs et les consommateurs a créé une situation où il y a ceux qui produisent et les autres qui consomment, qui ne sont pas capables de participer à la production. Ils sont devenus des consommateurs absolument passifs, ils sont désindividués, ils sont dans ce que j’appelle un milieu dissocié, ils ne sont plus associés à la production de leur milieu de vie. Ce qu’a fait la télévision en important le modèle industriel production / consommation, elle a dissocié symboliquement les individus qui sont dans le milieu symbolique industriel. Elle a fini par détruire le milieu symbolique, c’est-à-dire le désir. Et cela donne des milieux dissociés avec des gens qui sont en perte d’attention et par ailleurs cela détruit les circuits de transindividuation dans l’école, un des grands circuits.

En même temps, ce qui se produit avec les nouveaux médias numériques permet de reconstituer le circuit de transindividuation, de recréer des milieux associés. Parce qu’Internet est un milieu associé, ce n’est pas un mythe.

C’est un milieu où il n’y a pas d’un côté des producteurs et de l’autre côté des consommateurs, c’est un milieu composé d’une communauté avec des cercles d’amateurs, des technologies collaboratives, des coopératives de savoir. Des gens qui participent de toute sorte de manières, ainsi de wikipedia.

Ceci est une description idéale d’Internet, parce que c’est Internet tel qu’il pourrait être, et tel qu’il est pour une partie. Mais il est aussi et massivement le contraire, parce qu’il est investi par les industries de programme qui essaient de réimposer le même programme de consommation, le même modèle de consommation.

C’est à partir de ce point de vue que la proposition de Nicolas Sarkozy de remissionner l’audiovisuel public et d’y supprimer la publicité est une opportunité d’ouvrir un débat sur la place de l’audiovisuel en général dans la société . La société civile que nous représentons doit se saisir de cette proposition et la porter également au niveau européen – car rien ne peut avancer uniquement au niveau national – mais en l’élargissant à la question de l’audiovisuel en général.

Ce qui fait une société ce sont les relations inter-individuelles. Or les médias en question sont des technologies de la relation, en aucun cas cette relation ne peut être uniquement déterminée par le marché, le marché est devenu en outre absolument spéculatif, il est cynique il se moque de savoir s’il détruit ou pas les familles, parce que le marché est aujourd’hui piloté par des opérateurs qui sont devenus des spéculateurs. On ne peut pas laisser ce secteur industriel uniquement piloté par le marché. Nous devons donc faire des propositions positives. Tout comme à l’époque de Jules Ferry l’école s’est développée parce que l’industrialisation de la presse et de l’imprimerie le rendait possible.

L’école de Jules Ferry c’est le manuel scolaire, ce n’est pas simplement l’instituteur. Pour que l’instituteur puisse se conformer à des programmes voulus par l’Inspection générale, il faut passer des marchés avec des éditeurs Nathan, Hachette, etc. qui vont se soumettre à un cahier des charges produit par l’Inspection générale. L’Etat va déléguer à ces éditeurs privés une mission contrôlée par l’inspection générale. Une industrie est apparue qui a permis d’imprimer des livres à un coût très bas.

Il faut savoir que la presse à journaux, date de 1850 à peu près ; à partir de 1865, on peut tirer un million d’exemplaires, parce qu’on a mis en place des techniques de production mais qui sont aussi à un très bas coût.

Aujourd’hui dans le domaine de l’audiovisuel vous pouvez diffuser de l’image sur Internet en ADSL sans passer par les réseaux hertziens. Un modèle industriel absolument nouveau est apparu. Par ailleurs la numérisation de l’audiovisuel permet de regarder des émissions de TV tout à fait différemment.

La télévision pourrait très bien être un instrument de formation extrêmement intéressant. Il faut considérer la télévision pour ce qu’elle est ; la télévision c’est comme l’industrie. Il faut reprendre la démarche qu’a menée Jules Ferry sauf qu’aujourd’hui il s’agit de faire face à la question des nouveaux médias. Il faut développer avec ces nouveaux médias une industrie de production de contenu individuel de haut niveau, dans une société de la connaissance ; développons ces instruments pour augmenter l’intelligence collective. Faisons de la TV l’amie de l’institution de programme.

Lorsque Jules Ferry a créé l’école de la République, 20 % du budget de l’Etat sont allés vers l’école. Aujourd’hui il faut investir 20% du budget de l’Union européenne, il faut des centaines de milliards d’euros. Il faut y associer des professeurs, dans les IUFM il faut revoir complètement la formation aux médias mais il faut aussi revoir le cahier des charges des chaînes de TV. Il faut commencer par l’audiovisuel public, dont c’est l’objet.

Cela suppose évidemment aussi d’avoir développé une recherche approfondie sur les possibilités des nouveaux médias.

Je travaille à l’Institut de Recherche et de l’Innovation sur les technologies numétiques, oùnous développons des logiciels et des technologies collaboratives en ligne qui permettent par exemple de regarder un film et ensuite de créer des communautés de discussion autour de ce film. Le logiciel "Ligne de temps", est un dispositif d’analyse de films conçu par l’Institut de recherche et d’innovation (IRI) du Centre Pompidou qui comprend des outils d’annotation, un site collaboratif et des dispositifs contributifs sur téléphones mobiles pour plus d’infos : Lignes de temps, un logiciel pour l’annotation de films

Il faudrait développer une véritable industrie de ces choses là et pas simplement au niveau de l’école mais au CNRS, à l’Ecole normale supérieure, dans les IUFM et dans tous les laboratoires de recherche.
Tous les enfants devraient avoir un accès institutionnellement encadré à ces nouvelles technologies et pour qu’ils y aient accès, il faudrait que les professeurs eux-mêmes et je dirais les citoyens puissent y avoir accès de manière organisée.

Il y a donc un formidable potentiel de développement d’intelligence collective avec ces technologies qui sont des pharmaka qui peuvent servir à produire le pire mais aussi le meilleur.

Bernard STIEGLER

Mise en ligne le 27 novembre 2008
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