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Le développement du numérique à l’école

Afin de contextualiser mes réflexions lors de cette audition auprès de la mission conduite par J.M. Fourgous sur le développement du numérique à l’école, je tiens à préciser, qu’au delà de mes responsabilités au sein du mouvement pédagogique, les CEMEA, association complémentaire de l’école publique, je suis également Membre du Conseil d’orientation et de perfectionnement du CLEMI (Ministère de l’Education nationale), Vice-Président du CIEME (Collectif interassociatif enfance, médias, et éducation), Membre du groupe d’expert « Protection de l’enfance » du CSA, Membre du comité de pilotage « Enfants, médias » du Ministère de la Famille, Membre du comité de pilotage de Internet sans crainte (Délégation aux usages de l’internet), Expert auprès du Conseil de l’Europe (éducation aux médias, droits de l’homme et société de l’information).

Au regard des objets de votre commission, je souhaite articuler mes analyses et mes propositions en quatre points, en soulignant en amont la triple dimension d’une éducation aux médias liée au développement du numérique à l’école.

Economique : l’éducation aux médias prépare les jeunes à occuper les bassins d’emplois de demain, à se familiariser avec les technologies, à s’ouvrir aux contenus étrangers, à générer des contenus nationaux ; elle permet l’émergence de sociétés de services liées aux loisirs et au divertissement.

Politique : l’éducation aux médias participe à une meilleure activation de la diversité culturelle, dont le traité est entré en action. Elle favorise les « 3C » que sont la Critique, la Culture et la Créativité. Cela permet aux jeunes de choisir entre plusieurs offres de contenus, nationales, européennes ou non, d’apprécier leur propre culture tout en la comparant à d’autres et de se préparer à être des créateurs de contenus culturels (cf. l’importance de l’économie des contenus générés par les usagers).

Démocratique : l’éducation aux médias promeut plus globalement les droits de l’enfant (les « 3P » Participation des enfants, Proposition de contenus à leur destination, Protection de l’enfance) et développe ainsi, la prise d’autonomie et de responsabilité des jeunes, pour une prise de conscience citoyenne.

Un lien entre politiques d’équipement / logiques de projets et usages

Des politiques d’équipement (plutôt bien engagées, cf. l’Etat mais surtout les collectivités locales en fonction de leurs compétences) ne suffisent pas, et surtout ne seront efficaces que si elles sont en lien étroit avec des pratiques accompagnant et renforçant les usages. Ceci passe par la mise en place de projets au sein des établissements et le développement des usages pédagogiques.

La formation des personnels éducatifs en est le pivot. Il est nécessaire de renforcer les moyens mis en œuvre dans le cadre des plans de formation des enseignants, mais aussi par l’attribution d’heures au sein des établissements, à des enseignants « relais, impulseurs et formateurs » vis-à-vis des membres des équipes éducatives (identifier ces personnes, les mettre en réseau, renforcer leurs formations de formateurs et les préparer à ces actions « pairs à pairs ». L’efficacité d’un tel dispositif est complémentaire des autres propositions en matière de formation continue, qui inscriront dans la durée un essaimage des TIC à l’école.

Pour une éducation aux médias globale, forte

L’utilisation renforcée des TIC à l’école passe nécessairement au-delà de la dimension TIC comme outil de formation et d’apprentissage, au-delà des usages scolaires et didactiques, par la prise en compte comme objet d’éducation, de la culture numérique des jeunes. Elle doit intégrer une vision des pratiques culturelles des jeunes dans la société numérique.

Il est impératif au regard de l’impact (temps, contenus, usages…) des industries numériques, que l’école, institution formelle, se situe au même niveau, donc avec une forte ambition sur cette question.

L’éducation aux médias doit être présente tout au long des cursus scolaires, et s’inscrire dans un curriculum précis avec les validations correspondantes (sous des formes de production multimédias par exemple), porté éventuellement par plusieurs enseignants dont sans doute les professeurs documentalistes. Son approche doit être économique, interculturelle, citoyenne, critique, favoriser l’expression et la création et s’inscrire dans une éducation à la consommation, une formation aux droits de la communication médiatique. En conséquence, il est nécessaire d’actualiser le B2i, le renforcement d’une semaine banalisée d’éducation aux médias peut être également un point d’appui supplémentaire pour un travail spécifique sur les médias d’information. Au-delà d’une éducation aux médias pour les enseignants, il faut aller vers une éducation aux médias pour les jeunes. L’accès à la technologie numérique n’est pas forcément synonyme d’appropriation critique et éducative par ces derniers.

Articuler éducation et protection

C’est dans cette situation que l’éducation aux médias doit intégrer la question de la protection, dans le cadre d’une pédagogie des médias globale.

Mais il est nécessaire :

- de changer le rapport des éducateurs à la protection qui souvent la considèrent comme négative (notamment par rapport à l’idée d’autonomie),

- de ne pas opposer protection des enfants (le fait de restreindre) et droit des enfants (laisser s’exprimer). La citoyenneté c’est la protection des droits les plus fragiles, l’accès à l’expression publique, la prise de conscience des droits qui régissent la communication publique.

Cette revalorisation de la question de la protection passe par une sensibilisation aux enjeux des médias dans la socialisation et la construction de la personnalité des enfants : protéger l’équilibre affectif, la sensibilité, l’ouverture identitaire des enfants… prendre en compte leurs différents stades de développement…

Nous ne sommes pas éloignés de l’approche qu’ont eu les institutions dont le projet central est l’enfance (CIDE, ONG éducatives, …) en instituant des espaces séparant le monde le l’enfance (les mineurs) de celui des adultes [protection / travail des enfants ; protection / violences subies, …].

Un projet d’éducation fort est nécessaire. Pour les enfants et les jeunes, mais aussi pour les parents. Mais l’éducation ne peut tout faire. Il faut protéger [cf. les chaînes BB, les pratiques à risques sur Internet…, les contenus illicites…] par des postures de régulation.

Mais la protection a besoin de l’éducation, une approche strictement juridique de la protection est insuffisante (les signalétiques, les logiciels de contrôle parental).

L’interdit doit s’inscrire dans un cadre structuré qui aménage l’autonomie de l’enfant, qui porte des repères indispensables à la construction physiologique de l’enfant.
Seuls les interdits qui ont du sens / font du sens, vont permettre de légitimer l’autorité des parents et des éducateurs. Ces règles, il faut encourager les enfants à les respecter. Tous ces éléments doivent être inscrits dans un programme d’éducation aux médias.

Renforcer les partenariats et mobiliser tous les acteurs

Ceci est particulièrement nécessaire entre les collectivités locales et l’Etat. C’est une des conditions pour développer la culture numérique de/à l’école. Le rôle des éditeurs de contenus ou des plateformes numériques inscrites dans le cadre des services publics est à renforcer (France Télévision, INA, Radio France). A titre d’exemple : l’émergence de plateformes publiques, porteuses d’une éthique d’intérêt général, des journaux télévisés pour les enfants, …

La question des parents, de leur rôle, dans l’accompagnement de l’éducation de leurs enfants dans la société numérique est centrale. Notamment des parents et des familles des milieux populaires. Cette action d’une formation cultuelle à la société numérique des parents s’inscrit avant tout dans le renforcement d’une formation à la parentalité.

La mobilisation et l’engagement de tous les acteurs du système éducatif et des associations complémentaires de l’école publique est au cœur de cette articulation école et environnement de l’école, et elle peut, par la connaissance et l’expérience dans les deux lieux : école (éducation formelle) et hors école (éducation non formelle), renforcer le développement chez les jeunes de leur implication dans la société numérique. Il est important de lier l’éducation numérique de l’école et la culture numérique des jeunes.

Les Ceméa sont engagés et prêts à renforcer ces coopérations, associations éducatives, industries de contenus et pouvoirs publics, au service de la participation citoyenne active de tous les enfants et les jeunes à la société numérique.

Le 10 novembre 2009

Contact : christian.gautellier@wanadoo.fr
Tél : 06 89 86 11 18

Mise en ligne le 23 décembre 2009
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