TWITTER, qu’est-ce que c’est ?

Un site de microblogging. Micro parce que les messages sur Twitter sont nécessairement courts. Pas plus de 140 signes, espaces compris ! Pas que quoi écrire une thèse ou même raconter sa vie un peu en détail. Vite écrits, vites postés, vites lus, vite oubliés, les Tweets peuvent proliférer. Pas question de développer, de commenter, d’expliquer. Il n’y a pas de place pour cela. On en reste aux données brutes. Et encore, il ne faudrait pas employer le pluriel. Un message, une idée. Mieux, un message, une donnée. De quelle nature ? En fait peu importe. Ce qui compte avant tout, c’est que tous ceux qui vous suivent sur Twitter, voient que vous êtes toujours là, que vous existez vraiment.

Un réseau social. Sur Twitter, on s’abonne à des comptes que l’on va suivre, c’est-à-dire dont on recevra tous les messages. Comment les choisit-on ? Parmi ses connaissances, ses contacts, amis ou collègues…. Mais aussi n’importe qui, pourrait-on dire. Il suffit de taper un nom ou un simple mot dans le moteur de recherche des inscrits à Twitter. Ou de regarder le compte de quelqu’un tout à fait au hasard. Twitter affiche systématiquement pour chaque compte le nombre d’abonnements du titulaire et son nombre d’abonnés. Car si l’on va suivre les autres, il est bien plus important d’être suivi à son tour. Ce qui soit dit en passant ne garantit pas vraiment d’être lu. L’importance sociale de chacun, son influence au moins virtuelle, se mesure au nombre de « followers » qu’on peut revendiquer. D’où une certaine exigence de réciprocité : je te suis, tu me suis. Et nous gardons le contact où que nous soyons, quoi que nous fassions. Il y a des utilisateurs de Twitter qui commencent leur journée par l’envoi d’un Tweet pour dire bonjour à ses followers et leur souhaiter une bonne journée. Et le dernier Tweet du jour annonce que l’on va enfin aller dormir un peu, et surtout annoncer que le lendemain matin à la première heure on sera toujours là. Ce que montre les pratiques des réseaux sociaux, c’est qu’il est possible de ne plus jamais être seul. Nous sommes dans un monde où la solitude n’existe plus. Ou alors, c’est qu’on la recherche ou, ce qui pour certains revient au même, c’est qu’on n’est pas dans le coup au niveau des usages d’Internet.

Mais ce qui fait sans doute la spécificité de la majorité des messages que l’on reçoit sur Tweeter, c’est qu’ils ne nous sont pas directement envoyés (même s’il existe la possibilité d’envoyer des messages privés à ses abonnés, mais cela reste privé). Les Tweets s’adressent à tous ceux qui suivent l’expéditeur. Certes on peut cacher ses Tweets, c’est-à-dire ne les rendre accessibles qu’à ceux qu’on autorise donc qu’on choisit. Mais cette pratique de personnalisation ne correspond pas vraiment au sens des réseaux sociaux. Si l’on veut échanger en privé, vaut mieux utiliser le mail. Sur Internet c’est la mondialisation qui compte. Même s’il reste une barrière des langues. Et si vous n’avez qu’un nombre restreint de followers, Tweeter n’a plus vraiment d’intérêt.

Un moyen de s’informer…et d’informer les autres. « Découvrez ce qui se passe en ce moment partout dans le monde. » Tel est le slogan que Twitter inscrit sur sa page d’accueil. Et sa propre définition insiste sur sa mission d’information : « Twitter est une source d’informations instantanées. Informez-vous, informer les autres ». Certes savoir que telle personne, que vous ne connaissez absolument pas et dont vous ne savez pratiquement rien est en train de déjeuner dans un restaurant n’est pas vraiment une information. Mais si Twitter a été lancé et utilisé à ses débuts dans la perspective d’un affichage de sa vie privée (du moins des aspects les plus insignifiants de la vie !) , Nous n’en sommes plus vraiment là. A partir du moment où tous les moyens d’information traditionnels, presse écrite et audiovisuelle en tête, sont sur Twitter et l’utilisent pour annoncer au moins les titres des dépêches qui constituent la base de leurs infos, les suivre est un bon moyen d’être au courant de l’actualité en temps réel, d’autant plus que chaque Tweet comportant en principe un lien vers un article d’un site, le développement de l’info jugée intéressante est aussi immédiatement accessible. Tweeter fait ainsi circuler une foultitude d’informations de toutes sortes, plus ou moins spécialisées ou de teneur générale, mais toujours liées à l’actualité la plus immédiate. D’autant plus que tout un chacun, pouvant se considérer comme témoin d’un événement important, peut instantanément penser en informer la planète entière. Bien sûr il est facile de souligner que cette dernière prétention n’est qu’une illusion. Car si une info vraiment importante est lancée sur Twitter par un simple citoyen, elle n’a vraiment de chance d’atteindre un grand nombre de récepteurs que si elle est relayée par d’autres Tweets en surtout reprise et rediffusées par les médias traditionnels.

Ce qu’on désigne actuellement par le terme d’information citoyenne, l’information faite par tous, instantanée et donc non vérifiée, a-t-elle vraiment une valeur ? Tout un chacun peut-il s’autoproclamer journaliste ? Bien sûr que non. Mais dans le fond, la majorité de ceux qui utilisent Tweeter même à des fins de diffusion d’informations n’ont pas vraiment cette prétention. Non seulement il est clair que bien des infos circulant sur Tweeter peuvent comporter des erreurs importantes, et cela a souvent été le cas. Mais surtout, il ne s’agit de véritable information, au sens journalistique du terme, que dans de rares cas. Et l’on peut penser que la majorité de ceux qui fréquentent Tweeter sans renoncer pour autant à utiliser aussi les médias traditionnels ne s’y trompent pas. Par contre beaucoup de Tweets comportent des données qui peuvent très bien être utiles à celui qui les reçoit lorsqu’il les intègre dans ses propres connaissances. Au fond, s’informer sur Tweeter c’est avoir une occasion de sortir de son propre champ de référence, mettre son savoir à l’épreuve du monde par la confrontation avec les autres. Le point fort de Tweeter, c’est la diversité. Tout le contraire de la pensée unique !

Un moyen de développer l’audience de son site. Reste que le succès de Tweeter commence à modifier en profondeur ses usages. Comme pour tout ce qui marche sur Internet, le commerce n’est pas loin. Beaucoup de Tweet se limite à la publication d’un lien vers un site ou un blog. Son site et son blog ! Un bon moyen de le faire connaître. Mais on voit aussi comment Tweeter peut servir à transformer Internet en un serpent qui se mord la queue. Je publie un Tweet qui pointe sur mon blog. Et sur mon blog, je publie un lien qui renvoie à mon Tweeter. Pourquoi essayer d’ajouter autre chose !

Jean Pierre Carrier