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Cinéma documentaire
PROFS SUR LE FIL. Film De Rebecca Houzel
JP Carrier
Il y a des établissements scolaires, collèges et lycées, propres, sans tags sur les murs, sans papiers ou écorces d’orange qui jonchent les couloirs, sans amas de sacs à l’entrée des salles de cours. C’est ce que nous montre ce film. Il y a des collèges et des lycées calmes, où le personnel n’a pas à faire la police sans arrêt ; des établissements scolaires sans bousculades dans les escaliers, sans bagarres dans la cour de récréation. Des établissements scolaires sans violence ni incivilité, où les élèves ne s’insultent pas entre eux et sont toujours polis avec les adultes. C’est ce que nous montre ce film. Il y a des établissements scolaires où les enseignants enseignent, où ils peuvent se consacrer pleinement à leur métier d’enseignant, sans avoir à jouer un rôle de gendarme, ou d’assistante sociale, ou de psychologue voire de psychiatre, qui ne sont pas les leur. C’est ce que nous montre ce film. Il y a des profs de maths qui enseignent les maths parce qu’ils aiment les maths, parce qu’ils ont étudié les maths en université et qu’ils en comprennent l’intérêt, le fonctionnement et les difficultés. Il y a des spécialistes des disciplines scolaires qui les enseignent avec conviction et rigueur, qui se posent des questions sur leur pratique, qui échangent avec leurs collègues, en un mot qui se sentent bien dans leur métier et qui font tout leur possible pour qu’il soit efficace, c’est-à-dire pour que les élèves réussissent leur scolarité. Les élèves ? Dans les établissements scolaires, il y a aussi des élèves. Le film nous les montre dans l’établissement et dans les classes. Mais son propos, son point de départ et sa ligne directrice, ne les concernent pas vraiment. Le film s’intéresse d’abord et essentiellement, presque exclusivement, aux profs. Les élèves y font presque de la figuration. C’est comme s’ils n’étaient qu’un élément du décor. Et du coup, l’idée force du film, celle autour de laquelle il est construit et qui lui donne tout son sens, c’est que la réussite du système scolaire repose entièrement sur les profs ; entièrement et exclusivement sur les profs. L’avenir de l’école ne dépend pas de ses structures, des moyens matériels mis en œuvre, du nombre d’élèves par classe ni du nombre de postes offerts aux concours de recrutement. Il dépend uniquement de la façon dont les enseignants exercent leur métier, de la façon dont les enseignants enseignent. Depuis la loi d’orientation de 2005, dite loi Fillon, le système éducatif français ne repose plus sur la nécessité de placer l’élève en son centre. Finie la conception issue de la Révolution Copernicienne initiée dès les années 20 par Claparède et reprise et concrétisée par tous les acteurs de l’Education Nouvelle, qui fait de l’élève un apprenant dont il s’agit fondamentalement de comprendre comment il apprend et pourquoi dans certains cas il n’apprend pas, ou pas bien. Aujourd’hui il s’agit d’opérer un recentrage sur LE SAVOIR, donc sur l’enseignant qui possède le savoir et dont il s’agit d’ailleurs de restaurer l’autorité. Il s’agit de revenir aux « fondamentaux », ce que concrétise en particulier les programmes de 2008 de l’école primaire qui ont force de loi et que doivent donc mettre en œuvre tous les enseignants. Il s’agit pour le système de donner aux enseignants les moyens d’enseigner. Cinq après la loi de 2005, ce film nous montre comment elle peut être mise en œuvre concrètement au collège ou au lycée. Et que ça marche. Donc on peut voir comment les enseignants enseignent, comment ils font leurs cours. Par exemple le cours de maths en 6° sur les parallèles. Plus précisément, il s’agit pour les élèves d’apprendre à tracer des droites parallèles. Le prof fait la démonstration au tableau. Il indique comment placer la règle et l’équerre, comment placer les doigts, 3 doigts, pas 2. L’élève n’a plus qu’à reproduire ce qu’il a sous les yeux. Exactement, sans le moindre écart. Cherche-t-il à comprendre le pourquoi de son action ? A quoi cela lui servirait-il ? Autonomie, recherche, situation problème, essais et erreurs comme disait Freinet, méthodes actives. Tout cela n’a pas cours ici. Et ce sont toutes les valeurs sur lesquelles repose l’Education Nouvelle qui sont écartées. Démodées ? Dépassées ? Obsolètes ? Leur inefficacité aurait-elle été démontrée ? Dans ces classes où l’infraction suprême est d’avoir oublié son équerre, tous les élèves peuvent-ils réussir ? Les profs, ici, croient avoir trouvé la solution en ressuscitant la vieille pratique des groupes de niveaux. Les bons avec les bons et les autres à part. Evidemment ça simplifie le travail des enseignants. Ces groupes risquent-ils d’être étanches ? Non, affirment-ils dans un bel élan commun. Mais quels outils ont-ils à leur disposition pour réussir là où tant d’autres ont échoué ? Leur bonne foi, leur conscience professionnelle ne sont pas en cause. Mais ils sont tous sauf naïfs. Ils vont simplement jusqu’au bout de leurs convictions. La mixité sociale a aujourd’hui pratiquement disparu du système scolaire. La mixité scolaire serai-elle elle aussi d’une autre époque ? L’éducation à 2 ou 3 vitesses a de beaux jours devant elle ! Jean Pierre Carrier Mise en ligne le 15 décembre 2010
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