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Actualités et Prises de position
Comment les médias perçoivent leurs publics ?
L’association Information et citoyenneté, fondée par les Cémea, les Francas et la Ligue de l’enseignement, a voulu savoir comment les médias percevaient leur public. Un questionnaire a été adressé aux principaux médias nationaux. Qu’est ce que le public pour les médias ? Une masse indéfinie, seulement quantifiable en chiffres ? Huit millions de téléspectateurs devant « le JT » de 20 heures de TF1 ; 6,5 millions pour celui de Jean-Pierre Pernaud. Record d’audience pour les matinales de RTL, Europe 1 et France Inter. Trois cent mille exemplaires du Monde édités chaque jour… Ainsi donc, en termes de quantité, les principaux médias français semblent se porter parfaitement bien. Pourtant, dans le même temps, plus d’un Français sur deux pense que ce qui se dit ou s’écrit dans les médias n’est pas « la vérité ». Depuis quelques années, les médias en général, et le journalisme en particulier, subissent une crise de confiance de la part du public. Les citoyens, consommateurs, ne considèrent plus ces médias comme un contre-pouvoir pouvant les défendre. Des médias plus « alternatifs » se multiplient sur Internet. Le journalisme dit « citoyen » se développe… La question qui vient alors est la suivante : en ayant en mains toutes ces données, que font les médias pour leur public ? Le temps de la « vente de cerveau disponible » semble s’éloigner, le public tendrait à devenir lucide… Comment le représenter alors ? Comment fonctionne aujourd’hui les relations entre les médias et leur public ? Des médias indifférents ?L’association Information et citoyenneté a voulu le savoir en élaborant un questionnaire ayant pour objet de dresser un état des lieux des relations que les médias entretiennent avec leur public. Pour ce faire, tous les principaux médias nationaux ont été interrogés : radios, télévisions, presse écrite et pure players (médias Web) sur des thèmes tels que la représentation de leur public, la notion même de public, leurs sites Internet et l’interactivité avec le public. Le questionnaire a ciblé les membres des différentes rédactions aptes à répondre à ces questions transversales : les médiateurs (dans les médias concernés), les sociétés de lecteurs et de rédacteurs, les responsables des services interactifs, les community managers (journalistes en charge de l’interaction entre la communauté de lecteurs et les journalistes). Malgré les nombreuses relances téléphoniques, l’association n’a reçu que 30 % de réponses. Sur ces 30 %, seuls Radio France, RFI et Le Monde ont répondu à l’intégralité du questionnaire. Il est à noter que les réponses de ces trois médias émanent de leurs médiateurs respectifs : Jérôme Bouvier, Dominique Burg et Véronique Maurus. Les quatre autres retours sont le fait d’entretiens téléphoniques avec les community managers du Figaro, de l’Express, de TF1 et de RTL. Ce faible retour de réponses pose plusieurs questions dont la première (et la plus importante) est : pourquoi ? Pourquoi si peu de retours ? La majorité des médias seraient-ils indifférents à leur public dont l’influence se réduirait seulement aux courbes d’audience ? L’illusion participativePourtant, lorsqu’il s’agit d’analyser les réponses, la plupart des médias interrogés se considèrent comme participatifs ! En effet, tous les retours montrent que tous ces médias possèdent un site Internet. Ils sont, de plus, tous présents sur les deux principaux réseaux sociaux que sont Facebook et Twitter. Les raisons de cette présence sont multiples : rajeunir le public, le fidéliser, représenter la marque et faire venir des annonceurs. On voit bien ici que la volonté de faire participer le public est secondaire… Mais on peut y voir plutôt une conséquence de ce qu’est le Web 2.0 tout simplement. À partir de là, les médias ont dû, plus par obligation que par choix, créer du lien avec leurs internautes. Se sont alors créés les métiers du community management qui se multiplient bien plus vite que les postes de médiateurs. Il est intéressant de zoomer sur ce qu’est d’ailleurs réellement la participation du public sur les sites Internet ou les réseaux sociaux. Le public est très rarement producteur ou coproducteur de l’information malgré, d’ailleurs, les réponses, puisque la moitié des médias interrogés considère leur public comme tel. Pourtant à l’analyse, ces réponses ne tiennent pas. Dans la majorité des cas, le public est « utilisé » seulement comme témoin. Les sites Web permettent aux internautes de laisser des commentaires, de prendre contact avec les journalistes de la rédaction. Et il est possible via les réseaux sociaux de commenter les posts, qui sont choisis pour créer le buzz. Mais il est extrêmement rare que la participation du public aille plus loin. Trois exemples montrent toutefois une vraie volonté d’impliquer le public dans la construction de l’information : lefigaro.fr a publié en décembre dernier un témoignage complet d’un internaute. Seuls le chapeau et l’accroche émanant d’un journaliste. RTL propose quant à elle, un site Internet permettant aux internautes de poster des photos ou des vidéos d’événements dont ils ont été témoins. La rédaction de RTL peut en acheter quelques-unes pour les publier sur le site Internet de la station. Il faut néanmoins noter que le nom de ce site est temoins.rtl.fr. Le but premier n’est donc pas de faire des auditeurs de la chaîne des producteurs d’information. Enfin, Radio France lance actuellement un site permettant aux auditeurs des différentes stations de la marque de réagir et de débattre entre eux et/ou avec le médiateur. S’il est certain que le journalisme est un métier et que personne ne demande au public de prendre cette place à part entière, force est de constater que la participation du public dans les médias, et a fortiori sur Internet, est plus une obligation des médias qu’une réelle volonté participative. Le temps d’une association durable entre les producteurs et les récepteurs de l’information reste à construire, si l’on ne veut pas que le public finisse par ne plus se reconnaître dans ces médias. Pauline Jacob Mise en ligne le 20 septembre 2011
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