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“Un nouvel espoir pour les livres”

“L’ebook (donc le livre numérique) va-t-il tuer le livre imprimé ?” Chaque fois que j’entends cette question, dit Clive Thompson, dans sa chronique de décembre dans Wired, je pense au “mythe du bureau sans-papier”.

Dans les années 80, l’apparition des traitements de texte et des mails ont fait croire à beaucoup de gens que le papier allait disparaître. Pourquoi imprimer un document quand on peut le diffuser par voies électroniques ?

On sait tous ce qu’il en est advenu, dit Thompson. L’usage du papier a explosé : et les entreprises qui se sont mises au mail ont vu leur consommation de papier augmenté de 40 %. Car, même dans un monde d’écrans, le papier offre la seule manière d’organiser et de partager nos pensées. Il faut prendre en considération ce truisme technologique : quand on rend une tâche plus facile, les gens l’exécutent plus souvent. Aujourd’hui que tout employé de bureau a accès à un ordinateur et une imprimante, il peut désigner et distribuer des cartes d’invitations sophistiquées et multicolores ou des présentations reliées en spirale.

“L’impression à la demande” est sur le point de faire la même chose avec les livres. Elle va les garder vivants en les rendant plus bizarres.

Les outils d’impression à la demande, comme l’Expresso Book Machine, ne fait que ce que son nom indique : vous lui donnez un fichier numérique et quelques minutes plus tard, vous avez un livre papier de bonne facture avec une couverture en couleur. Quant aux sociétés d’impressions à la demande comme Lulu ou Blurb, elles fournissent des couvertures cartonnées et des albums photo.

Pour Thompson, il y a un parallèle entre l’impression de documents qui avait cru spectaculairement au bureau et le nouveau phénomène d’impression à la demande, parallèle que la fondatrice de Blurb appelle le “l’édition sociale”. Livres – photos souvenirs de week-end en camping ou de séminaires professionnels qui peuvent être distribués aux participants, manuels techniques pour logiciels de niche, mémoires ou livres de poésie – ces objets sont souvent imprimé à la pièce.

Les livres imprimés à la demande peuvent aussi devenir plastiques – êtres modifiés pour s’adapter à chacun de leur lecteur. Pour son livre autopublié, un ancien employé de Microsoft qui fait aujourd’hui du conseil, écrit une préface différente pour chacun de ses clients. La bibliothèque de l’université d’Alberta a reçu l’ancienne première ministre canadienne Kim Campbell. Son livre étant épuisé, la bibliothèque a utilisé sa machine Expresso pour en imprimer quelques copies – avec une nouvelle couverture et deux chapitres que Campbell avait écrits pour l’occasion.

Voilà qui devient un marché gigantesque doté d’une très longue traîne (en référence à la “longue traîne” d’Anderson). Dans l’édition imprimée traditionnelle, le nombre de nouveaux titres a augmenté de 5% entre 2009 et 2010, pour atteindre 316 000 titres différents. Quant à l’impression à la demande et l’auto-édition, elles ont augmenté de 169% dans la même période, pour atteindre 2,8 millions d’exemplaires uniques. Certes, peu de ces titres ont été imprimés à plus de quelques exemplaires ; l’impression à la demande est encore une petite fraction de la production totale de livres. Mais la tendance est évidente. Les gros édi ! teurs faisant de vrais livres vont continuer à migrer vers Kindle et consorts pendant que les acteurs plus petits utiliseront l’impression à la demande pour des formats qui privilégient l’aspect physique, comme les livres souvenirs, les beaux livres, les livres customisés, les éditions limitées de romans. Cette tendance augmente de 15 à 20 % par an et dans le même temps, certains observatoires prévoient qu’une imprimante personnelle moyenne pourra bientôt fabriquer un livre de poche. Pour un bibliothécaire de l’université d’Utah, ce type d’imprimante sera sur tous les bureaux et seront les “photocopieurs du futur”.

Est-ce que sera pour le bien des lecteurs ? se demande Clive Thompson. Oui et non. Comme pour les blogs, beaucoup de ces livres DIY seront horribles et chéris par leur seul auteur. Mais l’écosystème encourage de nouvelles voix à faire des choses impossibles à prévoir, ce qui est toujours bien. Ne vous inquiétez donc pas de l’avenir du livre imprimé, conclut Thompson.

Xavier de la Porte

Xavier de la Porte, producteur de l’émission Place de la Toile sur France Culture, réalise chaque semaine une intéressante lecture d’un article de l’actualité dans le cadre de son émission.

Source : InternetActu.net

Mise en ligne le 6 janvier 2012
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