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La santé des adolescents à la loupe - Données françaises de l’enquête internationale Health Behaviour in School-aged Children (HBSC) 2010

Vous trouverez dans cette enquête menée par l’INPES et le Ministère de l’Education nationale, les extraits concernant le lien avec les pratiques médiatiques des jeunes.

Voici les deux chapitres consacrés à ces questions des pratiques d’écrans des jeunes et du lien avec leur santé.

« Génération Digital Natives » : des amis en expansion

Les données de l’enquête HBSC fournissent l’occasion rare de dresser un bilan structurel des relations amicales des adolescents issus des générations de « digital natives » (nées dans un monde dominé par les médias), socialisés, dès leur plus jeune âge, aux technologies de l’information et de la communication (TIC) – bilan encore peu documenté en France (Lethiais V., Roudaut K. Les amitiés virtuelles dans la vie réelle. Profils, motifs et modalités de construction. Réseaux, 2010, n° 164 : p. 1-49.). L’essor des réseaux sociaux et des téléphones portables a-t-il un impact sur les liens sociaux que peuvent créer les ados ?

L’enquête démontre que globalement, les adolescents ont une vie amicale assez riche. Les TIC favorisent la diversité dans les groupes d’amis, en permettant des échanges indirects en dehors de la sphère du collège. Le gain semble particulièrement net pour les garçons, qui avaient tendance à évoquer des groupes d’amis presque exclusivement masculins, alors qu’ils déclarent désormais être liés avec un certain nombre de filles.

CHIFFRES CLES HBSC 2010 POUR LA FRANCE

- 93 % des jeunes déclarent trois ami(e)s ou plus en 2010 vs 90% en 2006
- L’usage quotidien des TIC chez les ados est en nette augmentation entre 2006 et 2010 concernant 68 % des filles de 15 ans en 2010 vs 51 % en 2006 et 50 % des garçons vs 38 %
- 10 % des garçons de 11 ans rapportent sortir 4 soirs ou plus par semaine contre 14,5% en 2006. Cela positionne la France très bas par rapport aux autres pays européens.

La place croissante des TIC dans les modes de communication des jeunes

Outre les liens classiques à l’école ou en dehors des cours, les adolescents échangent de plus en plus avec leurs amis via les TIC - téléphone ou internet - qui deviennent des moyens essentiels de communication. Le retard en matière d’utilisation des TIC par les jeunes Français, identifié dans les enquêtes HBSC de 2002 et 2006, a été en partie comblé. Leur usage quotidien a ainsi augmenté entre 2006 et 2010 : 68 % des filles de 15 ans en 2010 vs 51 % en 2006 et 50 % des garçons de 15 ans en 2010 vs 38 % en 2006. La France se trouve ainsi respectivement aux 17ème et 15ème places pour les garçons et pour les filles par rapport aux autres pays.
La fréquence quotidienne des échanges par téléphone ou par internet s’accroît, par ailleurs avec l’âge, passant pour les garçons de 22 % en sixième à 46 % en troisième et pour les filles de 31 % en sixième à 65 % en troisième. Au collège, ce sont donc les filles qui communiquent le plus par l’intermédiaire d’un média.

Un important réseau d’amis

Les collégiens en France ne se déclarent pas, dans la grande majorité, en manque d’amis. Près de 93 % indiquent avoir trois véritables amis ou plus. Or, les amis sont un élément important dans la construction de l’adolescent, le groupe pouvant représenter un espace protecteur pour l’adolescent. Ainsi le groupe n’est pas uniquement un facteur négatif de passage à l’acte en matière de comportements à risques, d’autant plus si ses activités sont structurées (pratique physique ou artistique, partage d’affects et d’informations, etc.). Au collège, le groupe d’amis est source d’échange et d’écoute. Les 11/15 ans estiment avoir une bonne communication avec leurs amis, en 3ème plus qu’en 6ème. Mais le ou la meilleure ami/e reste, quelle que soit la classe, le premier confident. Ainsi, les garçons et les filles de troisième estiment, respectivement à 83 % et à 92 %, que les échanges sont plus faciles avec leur meilleur(e) ami(e). La communication paraît moins facile avec les ami(e)s du sexe opposé, tout particulièrement pour les filles, qui estiment seulement à 31 % en sixième et 63 % en troisième pouvoir parler de sujets préoccupants à un garçon.

Les TIC modifient le mode d’échange des ados

Les échanges directs avec les amis à la sortie de l’école semblent avoir peu évolué entre 2006 et 2010 contrairement aux sorties nocturnes, en baisse significative.
Depuis la dernière enquête HBSC, les jeunes continuent de passer du temps avec leurs amis après les cours (peu d’évolution entre 2006 et 2010). Ce sont encore les garçons qui sortent le plus souvent : en moyenne 2,9 jours par semaine vs 2,6 jours pour les filles.
Les adolescents se retrouvent, cependant, de moins en moins le soir. La tendance est en effet à la baisse par rapport à 2006. Les garçons de 13 ans ne sont plus que 12 % en 2010 à passer fréquemment du temps avec leurs amis en soirée (vs 18 % en 2006). Quant aux filles de 13 ans, elles sont 7 % en 2010 (vs 10 % en 2006).
D’ailleurs, la majorité des jeunes ne passe jamais de temps avec des amis le soir, en particulier les filles (64 % en sixième et 42 % en troisième).
Cette diminution des sorties nocturnes des jeunes adolescents pourrait être attribuée à un contrôle accru de la part des parents qui semble toutefois mal s’accorder avec les modèles éducatifs observés par ailleurs. On peut en revanche la rapprocher de l’augmentation massive des relations indirectes des jeunes avec leurs amis. Internet permet en effet de concilier les exigences familiales et amicales souvent contradictoires à cet âge de la vie en permettant un échange continu avec les amis tout en restant présent, du moins physiquement, dans le domicile familial2.
Pour les sorties, la France se situe sur les 39 pays respectivement aux 31ème et 30ème places pour les garçons et les filles de 11 ans, et à la 20ème place pour les garçons et les filles de 15 ans. Ainsi, en comparaison des autres pays participants à l’enquête, les collégiens français sortent peu, probablement en raison de leur nombre d’heures de cours, parmi les plus élevés en comparaison avec les autres pays participants.

Ces résultats démontrent que l’usage des TIC par les collégiens ne dégrade pas les relations entre eux, mais les modifient. Alors qu’une dérive addictive à l’écran pourrait être source de craintes d’isolement, dans leur immense majorité, ces relations indirectes ne remplacent pas les relations directes avec les amis. Les jeunes qui communiquent par ce biais sont, en effet, des adolescents ayant déjà un réseau social fourni. Il s’agit vraisemblablement, pour eux, d’un autre moyen d’entretenir leurs liens amicaux. En revanche, une petite minorité d’adolescents (moins de 2%) se déclare toujours sans aucun ami, en 2006 comme en 2010. Si les relations indirectes que permettent les TIC ne conduisent visiblement pas au repli, elles ne semblent toutefois pas avoir permis de résorber l’isolement de cette petite minorité d’adolescents.

Consommateurs d’écrans et malgré tout sportifs

Les bénéfices d’une activité physique régulière sont unanimement reconnus. Bouger son corps régulièrement est un gain pour la santé physique et psychique des adolescents. Cela a aussi un impact positif sur le rapport aux autres. Pour les adolescents, le PNNS recommande « au moins l’équivalent d’une heure de marche rapide par jour » mais cela peut être aussi bien du vélo pour aller à l’école que la pratique d’un sport. Avec les nombreuses possibilités qu’offre aujourd’hui notre société pour occuper les enfants, quel temps consacrent-ils à « bouger leur corps » ? L’essor des jeux vidéo, des réseaux sociaux pousse-t-il les ados vers une vie plus sédentaire ?

CHIFFRES CLES HBSC 2010 POUR LA FRANCE

- 3,6 jours par semaine : temps moyen déclaré par les jeunes pour la pratique d’au moins 1 heure d’activité physique
- 63,5 % des jeunes pratiquent régulièrement un sport
- 91,5 % des adolescents passent plus de deux heures par jour devant un écran
- 61 % regardent plus de deux heures par jour la télévision, mais les jeunes Français passent moins de temps devant la télévision que les jeunes des 39 autres pays participants à l’enquête.

Des adolescents peu « actifs » mais sportifs

Il est recommandé pour les jeunes de pratiquer une heure d’activité physique (utilitaire ou de mobilité) 5 ou 6 jours/semaine. En moyenne, selon l’enquête, les jeunes pratiquent une heure d’activité physique 3,6 jours par semaine, une tendance ayant peu évolué depuis 2006.
Ainsi, seuls 31 % d’entre eux présentent une activité physique suffisante au regard de ces critères, les garçons de façon plus importante (39 % vs 22,5 % des filles), leur activité physique restant en outre stable avec l’avancée dans le cursus scolaire alors qu’elle diminue chez les filles.
En revanche, 63,5% des collégiens pratiquent un sport régulièrement (quotidiennement ou plusieurs fois par semaine) en dehors de l’école et 55 % déclarent faire une activité sportive au moins 2 heures par semaine. Enfin, les filles sont 13 % à dire ne jamais pratiquer de sport, contre seulement 5 % des garçons.
En comparaison des autres pays, la France présente un faible niveau d’activité physique quotidienne : 32ème place pour les élèves de 11 ans, 34ème place pour ceux de 13 ans et 30ème place pour ceux de 15 ans. Néanmoins, les jeunes Français sont plutôt bien placés pour la pratique d’un sport deux heures minimum par semaine en dehors du temps scolaire : entre la 9ème et la 16ème place pour les garçons et la 18ème et la 21ème place pour les filles. L’offre sportive est donc plutôt accessible, mais la fréquence de l’activité physique reste trop faible, particulièrement chez les filles.

Face à l’essor des TIC, la télévision garde encore la première place chez les ados

Contrairement aux recommandations internationales, la grande majorité des adolescents (91,5%) passe plus de 2 heures par jour devant les écrans. La télévision est l’écran qui capte le plus l’attention des jeunes, sans différence entre les sexes. Ils sont ainsi 61 % à consacrer plus de deux heures par jour face à leur télévision, 45% à leur ordinateur et 40 % aux jeux vidéo.
Les garçons sont deux fois plus nombreux à jouer aux jeux vidéo (55 % vs 25 %). Les filles préfèrent l’ordinateur (49 % vs 41 %).
Si on ne note pas de grande évolution entre 2006 et 2010 pour le temps total passé devant un écran, les modes de consommation se sont modifiés reflétant la « digitalisation » des jeunes. Les adolescents sont significativement moins nombreux à regarder la télévision au moins 2 heures par jour en 2006 qu’en 2010 (63 % vs 58 %) mais, en contrepartie, ils utilisent davantage les jeux vidéo (29 % vs 37 %) et plus encore l’ordinateur (33 % vs 42 %). Cette tendance se retrouve tout autant chez les filles que chez les garçons et concerne significativement les jeunes à partir de 13 ans.

Les jeunes Français passent, pour autant, moins de temps devant la télévision que la plupart de leurs pairs des 39 autres pays participant à l’enquête : pour les garçons, entre la 30ème et la 36ème position sur 39 selon l’âge et, pour les filles, entre la 31ème et la 36ème position selon l’âge.
S’il pourrait paraître logique de penser que les écrans sont une source de sédentarisation, les résultats de l’enquête HBSC tendent à démontrer que les choses ne sont pas aussi simples. Chez les garçons, les plus grands utilisateurs de jeux vidéo et d’ordinateur sont aussi les sportifs les plus assidus (pratique quotidienne).
Finalement, la frontière entre activité physique et pratique sportive d’une part, et entre ces activités et la sédentarité d’autre part est difficile à évaluer, les adolescents pouvant tout aussi bien avoir une activité physique régulière voire sportive intensive et des activités sédentaires. Ces associations, entre cumul et exclusion, dépendent surtout du sexe et du type d’écran. Pour les filles, l’activité physique ainsi que la pratique sportive régulière sont plus fréquentes chez celles qui passent moins de 2 heures par jour devant un écran, alors que les deux types d’activités ne sont pas liés pour les garçons.

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Mise en ligne le 22 septembre 2012
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