Ce titre de la collection « J’ai trouvé » s’adresse aux 3/5 ans, comme « Le coffre à jouets » qui proposait lui aussi des activités d’éveil aux enfants d’âge de l’école maternelle.
Après avoir tapé son nom, l’enfant découvre une page d’accueil sous forme de scène de théâtre contenant six espaces cliquables dont le point commun est effectivement l’utilisation graphique de marionnettes.
Trois de ces espaces utilisent la forme d’énigme que l’on retrouve dans l’ensemble de la collection. Il s’agit de cliquer sur un des éléments du décor (objets, personnages...) correspondant à la demande. Celle-ci est présentée par écrit en bas de l’écran et par oral, globalement d’abord, et peut être reformulée ensuite élément par élément et à volonté par un simple clic. L’écrit étant toujours accompagné d’une image, l’activité est toujours accessible aux enfants qui ne savent pas lire, le programme proposant une sorte de sensibilisation à la lecture en surlignant le mot ou l’expression qui a été trouvé par le clic adéquat dans l’espace présenté. Ainsi, c’est d’abord le sens de l’observation visuelle de l’enfant qui est sollicité, certains des objets étant d’ailleurs relativement difficiles à trouver au premier coup d’œil pour les plus petits. Le programme opère donc systématiquement la mise en correspondance de l’image, de l’oral et de l’écrit. Mais la tâche demandée étant toujours et uniquement de cliquer, on peut craindre que certains enfants soient entraînés à le faire de façon automatique et non réfléchie, puisqu’en aucun cas les clics intempestifs ou erronés ne portent à conséquence. Les prendre en compte, ne serait-ce que pour en limiter le nombre, aurait certainement eu pour effet de mobiliser davantage l’attention et la réflexion des enfants.
Les trois activités suivantes sont plus classiques. Dans « La boite à marionnettes » il s’agit d’opérer des classements, en portant par cliquer-glisser des objets dans la case où figurent déjà des objets de la même catégorie. Ici aussi, l’activité risque de devenir répétitive et assez mécanique. Les classements erronés sont refusés sans aucune explication et aucune aide n’est proposée. Si un objet est refusé ici, alors on peut essayer là, et il finira bien par être accepté quelque part, d’autant plus qu’il n’y a pas d’intrus. Bref, l’intuition est systématiquement privilégiée par rapport à la réflexion, ce qui restreint considérablement la portée du programme pour les enfants les plus grands de la classe d’âge visée.
Les deux derniers espaces proposent des ateliers de créativités sans grande surprise. Dans le premier il s’agit de placer des objets sur un décor. Le second propose de reconstituer des marionnettes en replaçant les différents objets qui servent à leur construction aux bons endroits. Ce genre d’activité peut sans doute attirer les enfants peu familiarisés avec le multimédia ou découvrant l’ordinateur. Il risque cependant de devenir vite ennuyeux à cause de son aspect répétitif.
Au total, il s’agit, comme les autres titres de la collection, d’un programme sérieux, simple d’utilisation et visuellement très réussi, ce qui est la moindre des choses dans la mesure où son intérêt principal réside dans la sollicitation visuelle. On peut regretter cependant que cette perspective de développement sensoriel ne soit pas complétée par une stimulation plus intellectuelle qui, tout en restant au niveau du concret, demanderait déjà la formulation de véritables raisonnements. Mais il faudrait pour cela qu’il ne soit pas uniquement demandé à l’enfant-utilisateur d’agir uniquement en cliquant...
Jean-Pierre Carrier