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Cinéma documentaire
Les Dragons n’existent pas. Film de Guillaume Massart
JP Carrier
Les Ardennes, ou plutôt la Pointe des Ardennes, cette langue de terre française qui s’enfonce dans la Belgique. Les usines ferment les unes après les autres. Et c’est la longue série des tentatives pour sauver l’outil de travail, des luttes ouvrières, les occupations et les séquestrations, les liquidations finales avec ce goût d’amertume, la colère inévitable devant le mépris des patrons, l’inquiétude malgré les indemnités qui permettent tout au plus de tenir un ou deux mois ; Ces Ardennes là deviennent une grande friche où la seule solution envisagée est le développement du tourisme vert. On pense à la Chine telle que nous la montre l’extraordinaire série de Wang Bing A l’ouest des rails. Ici bien sûr l’espace est plus restreint, et le film de G Massart ne fait que 45 minutes. Mais c’est largement suffisant pour nous montrer l’ampleur du désastre économique. Le projet du film est de donner la parole aux ouvriers, de les mettre autour d’une table, sous l’affiche de la CGT et de les laisser s’exprimer. Non pour théoriser leur lutte, comme on l’aurait fait dans les années post 68, mais pour dire leur vécu qui d’ailleurs n’est pas très différent des constats les plis traditionnels du mouvement ouvrier français : l’incompétence des patrons et même des cadres, la froideur et la distance de ceux qui décident qui ne se soucient nullement des réalités humaines, et du côté ouvrier, les difficultés pour mobiliser suffisamment pour vraiment être une force qu’on ne pourrait plus tenir pour négligeable. Aujourd’hui comme hier, les luttes ouvrières n’ont pas un avenir radieux devant elles ! Le cinéma documentaire militant se décline en France plutôt au passé. Avec des oeuvres fortes qui font aujourd’hui référence. On pense à Chris Marker en particulier, avec entre autres A bientôt j’espère au titre prémonitoire puisque le film date de 1967. Et puis il y a eu l’expérience des groupes Medvekine, où la dimension militante était soulignée par le côté collectif non seulement des luttes, mais aussi par celui de la réalisation cinématographique qui faisait explicitement du cinéma un objet de lutte. Le film de G Massart s’inscrit dans cette dimension du cinéma militant. Et cela est amplement suffisant pour qu’il connaisse une large diffusion. D’autant plus que la véritable originalité du film ne réside pas à proprement parler dans cette visée militante. Il faut plutôt la chercher dans la vision qu’il nous donne de cette région sinistrée par la disparition de son industrie. Les Ardennes sont une région de brouillard et de légendes. De brouillards propices aux légendes. Celle par exemple du dragon réfugié dans la Meuse et responsable de ses crues dévastatrices. Les images d’archives nous le montrent simplement : la nature aussi peut s’attaquer aux usines. Mais ses dégâts sont toujours réparables. Ceux causés par l’homme lui-même sont eux irréversibles. Les grands plans d’ensemble sur la vallée qui ouvrent le film pourraient être d’une grande beauté plastique. Et pourtant il s’en dégage un malaise indéfinissable. Ils annoncent les ravages des eaux lors des inondations dans des images d’archives nécessairement ternes. Ou, pire encore, ces immenses espaces des ateliers sans machines, sans travailleurs, désertés par la vie. Jean Pierre Carrier Mise en ligne le 1er avril 2010
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