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Sur la planche. Un film de LeÏla Kilani.
jean Pierre Carrier

Bedia a deux vies ; Le jour elle travaille dans une usine de crevettes. La nuit, avec son amie Imane, elle essaie de vivre sa vie, une autre vie. Le jour, dans le vieux port de Tanger, habillée et masquée de blanc, elle doit « faire des kilos ». La nuit, le plus souvent sous la pluie, dans les ruelles sombres ses activités sont plus obscures dans tous les sens du terme, mais en définitives ne se révèlent pas plus glorieuses. Vécues par les deux jeunes filles comme la vraie vie, celle où elles peuvent être elles-mêmes et de réaliser pleinement, même si nous savons dès le début du film que cela se terminera mal. Le jour et la nuit, le contraste est évident, renforcé par la nature des images où s’opposent le clair et le sombre, bien sûr, mais aussi les cadrages et l’échelle des plans. Dans l’usine, beaucoup de plans d’ensemble, pour cadrer la totalité des travailleuses, souvent en légère plongée et en plans fixes ; la nuit, dans les ruelles, le gros plan domine, le très gros plan même, cadrant les visages et surtout les mouvements du corps, la caméra étant alors toujours en mouvement, pour rendre au mieux cette frénésie d’action, de besoin de bouger, d’échapper au travail statique de la journée, assise devant un tas de crevettes, qu’il s’agit de « traiter » le plus vite possible pour satisfaire aux exigences du patron. Dans cette opposition systématique, les deux héroïnes choisissent sans équivoque le côté obscure et le film est donc majoritairement un film noir, malgré les éclats de lumière blanche marquant le travail journalier. Le passage entre les deux vies de Badia occupe d’ailleurs une place importante dans le film, multipliant les actes de toilettes, lavage frénétique et violent des mains et des bras en particulier, pour tenter d’échapper à cette odeur de crevettes qui imprègne la peau et pénètre jusqu’aux os et se dissémine dans l’ensemble du corps. Ce n’est donc pas un hasard si tant de plans de nuit se passent sous la pluie, l’eau étant l’élément dominant, bien plus important que le soleil, malgré la situation géographique du film.

Avoir 20 ans à Tanger. Comme ailleurs la rage de vivre, d’échapper aux contraintes de sa condition sociale et culturelle. Tout tout de suite. Au risque de se bruler les ailes. Au Maghreb comme ailleurs, réussir sa vie à 20 ans ne va jamais de soi.

Jean Pierre Carrier

Ce film a été projeté en avant première lors de la soirée d’ouverture du Festival du Film d’Education d’Evreux le 15 novembre 2011

Mise en ligne le 22 novembre 2011
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